26 février, 2006

Hymne à l'A...


Je viens de lire les commentaires du dernier post et que c’est bon de se sentir ainsi désiré ! Même s’il ne s’agit que d’amis qui apprécient de lire mes âneries. Vous réclamez un nouveau post ? Je ne crains de vous décevoir. Jusqu’à présent j’ai été fidèle à mon premier post : j’ai surtout craché des saloperies sur tout et n’importe quoi. Je n’ai eu de pitié ou de compassion pour personne. Mais pourquoi tant de cynisme ? Je vous avais promis les sacs à dos. Vous les avez eus. Je vous avais promis des anecdotes croustillantes et grotesques. Vous les avez eus. Je vous avais promis des coups de gueule. Vous les avez eus. Et tout ça aux dépens de pauvres gamins des quartiers pourris de LA, d’une gamine dont la mère était victime de la politique sociale étasunienne et de pauvres gars qui n’ont d’autres moyens d’expression que de brûler des voitures.

Cette fois-ci je veux être positif. Ecrire un post mièvre, rose bonbon, sucrée et sincère. Un post qui sera Amour. Ne vous attendez pas à des révélations sur mes aventures d’ici. Je suis bien trop pudique ; onanique aussi… Pourquoi une post d’amour alors ? Parce que mon philosophe préféré, Franck Dubosc, écrit dans ses derniers travaux : « Quand je pense à ceux qui ont chanté A toutes les femmes qu’on a aimés avant. J’ai l’impression qu’il vaudrait mieux les aimés pendant. »

Devant la profondeur du propos, on ne peut que s’incliner. Mais ne vaut-ce que pour les femmes ? Ne pourrait-on pas élargir cette pensée à tous les gens qu’on aime ? Dire Je t’aime gratuitement, quand on en sent l’envie, à n’importe qui, sans peur d’une réaction négative, sans arrière pensée sexuelle, sans la peur d’être pris pour un homo (d’ailleurs, quelle honte à ça ? Plusieurs fois, des personnes ont cru que j’étais homo et je n’ai pas démenti, pour le plaisir de voir les réactions... Ceci dit, moi, une fiotte ! Regardez la bête de plus près, s’il vous plait !), simplement parce que c’est la plus belle chose à entendre, la plus belle chose à dire à une personne qu’on aime. Et évidemment, joindre les actes à la parole.

Dernièrement, un très bon ami qui baigne dans une insolente béatitude avec la femme de sa vie que c’en est agaçant pour les célibataires comme moi, m’écrivait qu’à peine après trois mois de relation, il avait dit Je t’aime à sa blonde. J’ai pensé qu’il été fou, que son cerveau était mal irrigué, que la rupture d’anévrisme le menaçait. Je lui ai écrit pour lui faire part de mon inquiétude. S’il lui dit ce genre de chose dés le début, il se peut que :

1) elle le croit ;
2) ça lui plaise ;
3) ce soit réciproque ;
4) elle veuille s’engager dans un truc malsain, genre vivre ensemble ou faire des mômes ou les deux à la fois.

Quand Bob a massacré le flipper, j’avais plus d’arguments en poche, j’ai réfléchi et je me suis dit que c’était lui qui avait raison. Forcement, c’est plus facile à dire Je t’aime quand on a trouvé l’Amour de sa vie et surtout quand on vient de le faire. D’ailleurs, pourquoi les hommes disent-ils toujours Je t’aime après l’amour ? Ou pendant, ce qui est sensiblement pareil ? Pour remercier ? Pour se faire pardonner ? Pour être sur de pouvoir remettre le couvert plus tard ? Ou bien, se disent-ils : « Elle peut me répondre ce qu’elle veut, moi, j’ai déjà tiré ma crampe. Un mensonge ne coûte rien.»


Quoiqu’il en soit, ma pudeur reprenant le dessus, je ne vais pas me mettre à dire des Je t’aime à qui mieux mieux. Ceux que j’aime le savent. Enfin, j’espère. Je le leur dirais, bientôt. Je vais adresser ce Je t’aime à ceux qui ne risquent pas de lire ces lignes : mes élèves. Comme on y revient ! J’ai beau essayé de trouver de nouvelles saloperies à écrire sur eux, mais rien ne me vient. Une anecdote toutefois. Sachez qu’en anglais Congruent signifie de même mesure.

« Two triangles are CONGRUENT if their sides are CONGRUENT and their angles are ?
- Complementary !
- Supplementary !
- Vertical !
- Alternate-interior !
- Corresponding !
- Acute !
- Obtuse !
- Well, no. Congruent…»

Et oui, j’aime mes élèves. Après être passé par une phase de rejet et de mépris, je me surprends à les apprécier de plus en plus. Tout d’abord parce que je peux me lâcher et faire des clowneries (et je reste poli) en classe. Ensuite, je ne sais pas ce qu’il a bien pu se passer, si l’un(e) d’entre vous est allé les voir et leur a expliqué le Sèb des grandes heures, mais voilà que du jour au lendemain je me retrouve avec des élèves femelles qui me disent que je suis hot and sexy, que j’have de beautiful eyes (c’est vrai…), qu’ils ne laisseront pas quelques casses-couilles me pisser off et mess in my classe même s’ils doivent se battre. Hallucinant ! Agréable aussi. C’est toujours autant le bordel, mais un bordel agréable. Avec ça, le prof d’espagnol me dit qu’il a surpris une conversation entre élèves et que je suis ex aequo le prof le plus sexy de l’école avec le prof de bio. Un peu de respect ! Je suis le Georges Abitbol d’Animo South LA ! Il ne manquait plus que je devinsse un héros… C’est fait, et pour deux raisons. Il y a deux semaines de cela, je reviens de faire mon tour de pâté de maison pour fumer ma clope digestive. J’évite de parler aux élèves avec mon haleine nicotinée, entre rapidement dans mon bâtiment et tombe sur une de mes élèves en train de mettre une série de coups de poings à une autre. N’écoutant que mon courage et en évitant soigneusement de les toucher, je me suis interposé entre les deux furies et ai mis fin à la boucherie. Donye Moubayé ! Sur ce la cavalerie est arrivée (pas les flics ! Le dirlo et le pion !) et ont pris les choses en mains. Mais la gloire est retombée sur Bibi… Première raison !
Deux jours après cet épisode onusien de ma vie de professeur, je me prends un vilain coup de coude dans la pommette à l’occasion de notre troisième défaite consécutive en championnat de foot. Non tantum je suis ouvert, sed etiam je me retrouve avec un gros bleu sous la paupière. Je n’étais pas peu fier le lendemain d’exhiber ma blessure de guerre en classe.

« Mister Garcia ! What happened to your eye ! I thought nothing could happen to you ! You’re like Superman ! »

Texto, et venant de deux élèves différents, mâle et femelle. J’ai failli m’évanouir de plaisir. Deuxième raison.

Comme je l’ai souvent dit, la pédagogie se résume à peu de chose : la connaissance et la passion de sa discipline, beaucoup de démagogie, un peu de charme, un peu de sérieux, beaucoup d’intégrité. J’avais pas mal exercé le sérieux, l’intégrité, la connaissance et la passion de ma discipline. La démagogie, j’évitais de m’y risquer. Quant au charme, il n’avait pas l’air de fonctionner. La culture est-elle si différente entre France et Etats-Unis que mon charme n’opère pas sur de jeunes Angelinas. Au vue de ce qui précède, vous voyez bien que non. Il fallait que jeunesse s’exprime.

Alors pourquoi est-ce que j’aime mes élèves ? Parce qu’il flatte mon ego ? Parce qu’ils rient à mes conneries ? Parce qu’ils sont bon public ? Ou parce que, comme il s’agit d’un forfait, ils se sont enfin mis au boulot ? Parce qu’en l’espace de trois semaines nous avons abattu plus de travail qu’en trois mois ? Parce qu’ils flattent le prof que je suis en venant me poser de vrais questions durinegue maille offissaweurse ? Parce qu’ils connaissent leur cours ? Parce qu’ils font leurs devoirs ? Parce qu’ils préparent les quiz ? Parce que ce sont des élèves et que je suis prof ? Dois-je être caressé dans le sens du poil pour apprécier les gens ? Avais-je simplement besoin qu’ils me disent Je t’aime ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que je ne suis plus aussi vindicatif qu’avant et envisage même de prolonger l’aventure… C'est dire.

Je vous aime toutes et tous.

A bientôt.

8 Comments:

Blogger chronik said...

Mais nous aussi on t'aime !

dimanche, février 26, 2006 9:43:00 AM  
Anonymous Anonyme said...

Oui on t'aime, chronik je t'aime aussi, et même tous les américains je les aime...
A bientôt Seb, n'aime pas trop les portes pour autant (quel est cet étrange maquillage de la photo???). J'essaie de t'ecrire bientôt plus longuement.
Pierre

dimanche, février 26, 2006 1:09:00 PM  
Blogger Sebas said...

C'est pas du maquillage mais un vrai bleu.
Ceci dit, l'histoire du maquillage me rappelle une cetaine poilade moscovite avec Anika, Harriet et Cie.

dimanche, février 26, 2006 6:48:00 PM  
Anonymous Anonyme said...

Oh la, deux posts d'un coup Seb, ça va ?

Pierre, il faut mieux lire et tu comprendras ainsi les photos.

Bon 3 defaites, mais la 2 victoires quand meme !!! ;-)

dimanche, février 26, 2006 11:27:00 PM  
Anonymous Anonyme said...

Bonjour Seb,

Ah ca y est Jean Claude Dusse nous a enfin ouvert son grand coeur endurci... Eh bien, enfin un peu de douceur dans ce monde de brute, tu vois, après un demarrage difficile tu prends enfin un peu de plaisir avec tes élèves. Ne sois pas trop hatif dans ton choix de rester à L.A, penses à tous ces dimanches loin de la plage de L.A vautré devant la télé à regarder le PSG se prendre une branlée en buvant ta budweiser (mélancoliquement) avant de te taper une bonne leffe gouteuse et alcoolisé. Penses à tous tes élèves de France qui ponctuent irremédiablement leurs phrases de "quoi" à en devenir fou, à compter le nombre quoi...

Bref, merci pour ces lignes, ca fait du bien, j'ai presque l'impression d'avoir eu une longue conversation avec toi.
eh, psit, pssiiiiiiiiiiiit, putain, laches ta bud, j'ai un truc à te dire : moi, aussi je t'aime. Tu vois, on a pas fait l'amour (et ca risque pas d'arriver, j'aime pas les poils) et je te le dis quand même.

A plus,

Beques.

Fab C.

lundi, février 27, 2006 12:45:00 AM  
Anonymous Anonyme said...

Fab va nous faire croire qu'il vient de rencontrer une imberbe. Mais quel age a t-elle-donc?
Pierre.
PS: Fab si t'es au taf et que tu te fais chier écris-moi.

lundi, février 27, 2006 12:57:00 AM  
Anonymous Anonyme said...

Ouais Paul j'avais mal lu, il était un peu voir très tard... Désolé, j'espère que vous m'aimez quand même...
Pierre

lundi, février 27, 2006 1:02:00 AM  
Blogger chronik said...

Bah moui, va, t'inquiète donc pô...

mardi, février 28, 2006 9:16:00 AM  

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