10 février, 2007

Chroniques de LA I

Les deux posts qui suivent ont été écrits par chronik. Il y racontent les deux petites semaines passées ici en ma compagnie. C’est long, ampoulé, un brin prétentieux mais fort détaillé, super drôle, bourré de référence et de private jokes. Les photos et la mise en page ont été choisies par moi. Bonne lecture et à bientôt.


Los Angeles Chronical

Demain, je m’envole pour Los Angeles. Ma valise est bouclée, et considérablement allégée. Sur les conseils de Seb, je me suis délesté de mes vêtements d’hiver. « Ici, en ce moment, c’est le printemps », m’a-t-il assuré. Aucune raison de ne pas lui faire confiance. Les papiers sont en règle, et je confie mes effets dont le transport outre-Atlantique paraît des plus inopportuns (cadeaux de Noël, achats divers et variés) à mon hôte parisien, Pierre du Lys Boichu, dit Pierrot le rouge ou encore l’Homme du Panama. Ce dernier sobriquet ne lui ayant pas été attribué suite à ses innombrables révolutions manquées en Amérique centrale, mais plutôt pour ses habitudes dans la capitale. Locataire du chaleureux quartier de la Goutte d’Or, ce fervent militant de l’onclitude ébahie (un petit dernier à la santé de Max ?) s’adonne régulièrement à une courte séance de marche qui le conduit de la rue de Suez, dans laquelle il réside, au légendaire établissement Les trois frères. Et, pour y parvenir, il lui faut descendre, d’un pas alerte bien que légèrement nonchalant, la rue du Panama. Tout cela pour dire que l’on n’a pas coupé au traditionnel apéro-prolongé-couscous-café-calva la veille de mon départ. Néanmoins, et ce en dépit d’une énième joyeuse libation, j’ai parfaitement bien entendu mon réveil, dont la sonnerie stridente m’a tiré, à l’aube, d’un profond sommeil. Douche, café avec l’archiviste de Bobigny, et direction Roissy. Métro, évidemment, RER, et me voilà à l’aéroport. Bien trop en avance. Résultat : trois heures de poirotage en règle, entre absorption massive de café, lecture minutieuse de la presse internationale (L’Equipe, principalement, mais ça permet de voyager) et, cela va sans dire, les cent pas qui ne font que se multiplier. Après l’interrogatoire qui précède l’enregistrement de mon bagage (où allez-vous, chez qui, depuis combien de temps connaissez-vous cette personne, où avez-vous fait votre valise ?...), je me présente à l’heure dite à l’embarquement. Sans raison particulière, une sympathique employée des douanes me signifie que je dois poser mon séant sur une chaise, et patienter. Je commence à m’y faire. Et pendant ce temps, les futurs passagers défilent sous les portiques. Mon tour vient enfin, en chaussettes mais peu importe. Bien entendu, le vol accuse d’ores et déjà du retard. Donc, nous patientons. Brève discussion avec deux retraités texans (le vol est à destination de Houston et du prestigieux Georges Bush Airport...) qui me demandent si je vais passer des castings à LA, et une jeune femme rousse qui entend ralier Mexico. Avec une bonne heure de retard, nous décollons. Je glisse sur les péripéties du vol, puisqu’elles furent inexistantes. A peine mon gros voisin d’Austin a-t-il émis un léger ronflement. Atterrissage sans embûche.

« Run like the wind ! »

Les conseils prodigués par les différents adeptes des séjours angelinos au sujet du franchissement, toujours délicat, de la douane américaine ne me sont que d’une utilité toute relative. En effet, une fois mon svelte pied posé sur l’asphalte US, ma principale inquiétude est de parvenir à « attraper », comme disent les habitués des aéroports ( «Bah, t’as peur en avion ?!! Mais pourquoi ? C’est super safe, t’es ridicule ! ») ma correspondance. En effet, les deux heures prévues au départ se sont muées en une minuscule heure et quart. Une course contre la trotteuse s’engage, dans les immenses couloirs du GBA. La douane ? Une formalité. Mon interlocuteur : « Je souis aillé à Parisse deux jours l’année darnière. » Parfait. Tel Mercure, et là je n’évoque pas encore le thermomètre (mais j’y reviendrai), je vole jusqu’au terminal de départ pour LA. Plus de passagers, porte fermée. Le vol est en retard, l’appareil déplacé à un autre terminal. Il est toujours là. « Run, run like the wind !!! », hurle dans mon dos l’hôtesse au sol tandis que je m’élance à nouveau pour une course folle entre les badauds, suivi de près par un imposant Coréen vêtu d’un petit bonnet et d’un bombers, ce qui lui confère une allure que ne saurait dénigrer un homme de main de la triade. Une motivation supplémentaire pour presser le pas. On arrive juste à temps (qu’il est bon d’être trentenaire et de détenir encore une pointe de vitesse respectable...). Un couple de mexicains nous rejoint. Les hôtesses sont quelque peu embarrassées. Mais aux States, on ne badine pas avec le règlement. On a un billet, donc les surbookés sont éjectés sans ménagement. Agréable. Et là, un peu anxieux, vous vous interrogez, de manière on ne peut plus légitime, sur le sort de la rouquine mexicaine. Est-elle parvenu à obtenir sa correspondance ? Pas la moindre idée. En revanche, ce que je sais, c’est que sur les lignes intérieures il faut payer cinq dollars ses écouteurs, que la pizza sous vide se révèle tout simplement immonde, et que le Coca est bel et bien la boisson de base aux Etats-Unis. Le grand Coréen s’est assis à coté de moi. Il parle à peu près aussi bien l’anglais que moi l’Ouzbèk. Mais il parvient à se commander un Coca. Ouf. So long Houston. Et voilà déjà les lumières de Los Angeles. Putain, c’est grand...

Welcome in Dan Tana’s place

L’œil hagard et la démarche légèrement chaloupée (une pointe de léthargie après une sieste de nouveau né pendant la quasi totalité du vol), je me dirige vers la sortie du LAX. Comme dans un bon vieux Jacques Demy (suranné, un poil chiant mais très coloré et n’évitant aucun cliché), j’amorce ma descente par l’escalator, et découvre au pied de celui-ci un Seb un brin joufflu (les fêtes...), veston léger et catogan sans âge, un grand gobelet de thé à la main, qui m’attend sagement. A mon grand étonnement, il ne me reproche même pas le retard du vol en provenance de Houston. Direction le parking, et le cabriolet rouge-rosé de Ken. Jamais verrouillé. Qui volerait un truc pareil ?!! Sièges imitation sky, boussole accrochée au rétro, cendrier qui déborde, voilà un carrosse qui a de l’allure. Premier réflexe : je m’allume une cigarette. Pfffff... Après 18 heures de sevrage, du bonheur. Seb s’engage surl’autoroute. Je ne perçois qu’une partie de la conversation, absorbé que je suis par l’observation du décor. Avant d’arriver à destination, 3rd avenue au cœur de South Central, bref tour d’horizon. King’s boulevard, Leimert park, etc. L’épreuve du Jackson m’est épargnée pour le premier soir. Le monstre hideux et pétochard qui garde l’entrée a déjà pris ses quartiers dans la maison de sa maîtresse, Kim. Accessoirement propriétaire du logement de notre expatrié. L’appartement, justement. Les photos entrevues ici et là ne sont pas franchement révélatrices de l’aspect réel du lieu. En fait, seuls les veinards qui ont pu s’abreuver dans leur lointaine jeunesse des épisodes de la série Vegas comprendront lorsque je le décrirais comme une réplique à échelle réduite de l’appart de Dan Tana. Exception faite du garage, bien entendu. Quant au quartier, et bien on s’attend, le crépuscule venu, à voir Easy Rawlins se prélasser sur sa terrasse, un verre de whisky à la main (voir le Diable en robe bleue, bande d’ignares).

« Is there a Ralph’s around here ? »

Une première soirée marquée par une sage discussion, pas encore au coin du four mais le meilleur est à venir. Au petit matin, un Sébastien fraîchement rasé me réveille en croquant ses graines, et s’enfuit distiller son savoir aux jeunes écervelés d’Animo. J’adopte alors un rythme qui ne me quittera plus jusqu’à mon départ. J’entends par là réveil progressif et donc cotonneux en milieu de matinée, projection de films divers et variés (seul oubli malheureux, Volver), et finalement une douche en début d’après-midi. Non sans avoir déclenché l’alarme du détecteur de fumée fixé au plafond en me cuisinant deux steaks surgelés. La nécessité me pousse à entreprendre quelques sorties dans le quartier. Cigarettes dans la petite échoppe au coin de King’s et Leimert, marche paisible jusqu’au Starbuck le plus proche (celui qui jouxte la Washington Mutual, histoire de se réapprovisionner en dollars frais), etc. Avant cela, il me faut faire connaissance avec le supposé cerbère de la 3rd avenue. Non sans une certaine appréhension, qui découle exclusivement de la taille du molosse et de son quotient intellectuel pour le moins réduit (à bien y réfléchir, seule la couleur de ses poils le différencie d’un certain Viking). Mais il s’avère que l’infâme quadrupède est aussi gentil que trouillard. Seb effectue son retour en fin d’après-midi. Une bière, c’est évident, et en route pour les commissions. Dans le Ralph’s le plus proche. Seb n’a pas menti, et je constate qu’à LA, le communautarisme constitue une règle établie. Un quartier noir se veut effectivement peuplé uniquement de noirs, et d’une brassée de latinos. Pour la mixité, il semble préférable de se tourner vers les sphères sociales un peu plus aisées. À ces altitudes, le compte en banque revêt une importance nettement plus élevée que la couleur de peau. Tout cela pour dire que ma tête de craie dénote un brin dans le décor. Amusant, mais loin d’être perturbant. Question d’habitude. Le frigo rempli, nous voici dévorant l’asphalte en direction du Birds, sur Franklin, situé juste en face du château des scientologues. L’envie de pouvoir s’en griller une, ainsi que la chemise « pique-nique » du Seb nous commande de nous installer en terrasse. La température est encore acceptable, la nourriture aussi, et pour la première fois j’aperçois des américaines qui ne ressemblent pas à une bouée de sauvetage gangrenée. Seule difficulté : la voix haut perchée et nasillarde de ces dames, proprement insupportables. Une généralité, m’a-t-on confirmé. Effrayant. Retour au bercail, en me délectant du paysage longtemps lu ou vu au travers de romans et de films. Fascinante impression, en vérité.

Fred, Reda, Janice, Lebron and co

La journée du lendemain ressemble à s’y méprendre à la précédente. Seule variante : je fais la connaissance de Kim. Par hasard, et pas rasé. Ni coiffé, d’ailleurs. En short et vieux pull, porte ouverte, elle entre dans la cour et, je ne sais pas quel étrange phénomène lumineux, me confond avec Sébastien. Passée la stupeur mutuelle, nous nous saluons cordialement. Seb rentre du boulot. Une bière, bien entendu. Achat de cigarettes dans une pharmacie - plus rien ne m’étonne - et nous voilà parti pour le Westchester Sport Grill, plus communément nommé le 8 ball bar. Sans doute une référence au nombre de clients... Un sport bar d’apparence lugubre en plein Inglewood, dans lequel nous commandons un plateau constitué d’ingrédients fris et gras, et un pichet de bière, évidemment. Objectif : assister à une rencontre des Phoenix Suns, avec notre frenchie Boris Diaw-Riffiod et ce grand malade canadien nommé Steve Nash. Là, 90 % des lecteurs viennent de décrocher, j’en suis conscient. Glissons. Tandis que nous nous extasions devant la maestria des joueurs de la franchise d’Arizona, une chaîne d’infos rapporte en boucle l’arrivée prochaine de David Beckham au sein de l’effectif des LA Galaxy. Nous ne prêtons aucune attention à ce programme médiocre destiné aux fans de soccer. On est aux states, nom d’un chien ! C’est alors que nous nous rendons compte que, pendant que nous commentons avec une pointe d’exaltation les actions d’éclat des Suns, la conversation de nos voisins de comptoirs, américains pur jus s’il en est, tourne exclusivement autour de la venue du play-boy british du Real. Rien de moins surréaliste, à bien y réfléchir... C’est alors que je connais mon premier coup de barre, si je puis dire. Milieu du troisième quart-temps, Phoenix domine outrageusement et, à l’image des adversaires de Nash et consort, je sombre corps et bien. Parvenir à s’endormir debout au comptoir, voilà qui relève de l’exploit. Dès lors, il devient indispensable de préciser que la température a chuté de manière vertigineuse. Fini le printemps, retour de l’hiver. Et mes pulls et mon manteau qui se trouvent savamment pliés dans un sac, rue de Suez à Paris... Nous rentrons en rejoignant Jefferson par Duquesne. L’endroit où, je vous le donne en mille, se situe un doggy park qui-est-génial-pour-draguer-si-tu-as-un-chien et donc Seb compte bien s’y rendre avec ce grand bénêt de Jackson. Ah oui, pour les futurs touristes, il ne faut surtout pas griller le feu car il y a là une boîte radar qui te photographie si tu entreprends d’enfreindre la loi... L’appartement de Seb étant dépourvu de chauffage, le four fonctionne à plein régime. Efficace.Réveil frigorifique. Aucune envie d’affronter les rues de LA dans ces conditions. J’attends sagement le retour du prof, qui respecte à la lettre son emploi du temps. Il arrive, on boit une petite bière, fort logiquement. Ce soir, visite de Santa Monica. Le Yankee Doodle, sur la 3ème et Pico. Encore un sport bar, mais cette fois nettement plus cossu. Même s’il manque de canard, à la différence des canaux de Venice (voir plus loin). Nous y retrouvons Reda et sa compagne, ainsi que deux autres potes del hombre Garcia Alejo. Les Lakers finissent d’achever les Jazz, et bientôt la demi-douzaine d’écrans géants se désintéresse du basket pour des clips de minettes qui déchaînent les fantasmes de nos congénères masculins d’Outre-Atlantique. Amplement suffisant pour qu’autour d’une partie de billard arrosée d’un pichet de bière, fort bien venu, un débat soit lancé entre mâles de bonne compagnie. Alors, Britney Spears ou Jessica Simpson ? Les avis sont partagés, à ma grande surprise. Enfin. Malgré le froid sibérien qui règne à l’extérieur, les fumeurs que nous sommes ne peuvent réfréner leur pulsion. Quelques bouffées sous le panneau chauffant, et voilà qu’une femme d’une quarantaine d’années, visiblement SDF en dépit d’une carrière longue de 10 ans dans les marines (ah, les joies de la reconversions à l’américaine...). Elle est bavarde, et veut une cigarette. Plutôt habitué aux crackés de Cayenne, qui ne se distinguent pas toujours par leur courtoisie, je cède un clou de cercueil à notre interlocutrice, qui se présente sous le nom de Janice. « Are you a model ? », me demande-t-elle candide, avec une inquiétante lubricité dans le fond de l’œil, avant de se pencher dangereusement vers ma joue gauche, certes séduisante, mais il s’agit de conserver son sang froid. Ce qui ne paraît pas infaisable à cette heure... La situation s’envenime. Dragué par une clocharde, ancienne bidasse de surcroît, devant un bar branchouille de Sainte-Monique. Seb est hilare. Il ne manque pas de m’instruire d’une aventure similaire dont a été victime l’Homme du Panama (voir plus avant) à Moscou. Comme quoi, les voyages sont plein de surprises, et le froid ne favorise pas toujours les rencontres de bon aloi... Nous finissons notre pichet de bière, ainsi que la Budweiser offerte par la maison, en ingurgitant un succulent burger (sans charre, avec un énorme steak haché et tout le toutim). Rideau.Vendredi, après avoir bu rapidement une bière en toute légitimité, Seb me réserve une petite balade en amoureux. Le coquin. Une virée à la plage, et une balade sur les canaux de Venice, drapés dans un crépuscule lunaire. Avec une impressionante colonie de canards. Rien de plus normal, ça fait cossu, les canards. Bon, c’est beau, mais ça caille dur, on a soif et, ne nous le cachons pas, nous souffrons d’une sévère envie de pisser. Embarquement pour The Otheroom, toujours à Venice mais sur Abbot Kinney. Seb ne se perd pas dans le quartier (non, non...), et rallie Abbot par la Pacific Avenue. Le gros videur à capuche déchiffre avec perplexité mon passeport de son regard bovin, et m’autorise à entrer. La serveuse, avenante et un tantinet francophone (elle baragouine deux phrases mais l’effort est chaleureux), nous sert un verre de vin espagnol. Pas mauvais, mais le lieu est à déconseiller aux Rmistes... Nous découvrons une nouvelle bière, la Dirty Bastard si je ne me trompe, que l’on ne goûte même pas. Un bref moment de révolte, sans doute. La faim nous tenaille. Mon guide à catogan propose de se restaurer d’un burger, d’une frite et d’un coca. Merveilleuse idée, dont l’originalité en cette contrée raffinée me séduit dans l’instant. Inconcevable de mettre un pied hors de la voiture, donc nous empruntons le drive de « In and Out ». Deux double burger, que nous allons déguster chez Fred, pas encore chauve mais ça va venir. Un garçon qu’il paraît bien difficile de ne pas apprécier. Malheureusement, le burger et le froid aidant, je m’assoupi comme un vieux sur le canapé maculé de tâches diverses et variées, dont il est préférable de ne pas connaître l’origine. Bref, je pionce et laisse ces messieurs à leur sujet de conversation. Pour quitter Palms, nous rattrapons Jefferson par Duquesne. L’endroit où, si vous n’êtes pas au courant, se situe un doggy park qui-est-génial-pour-draguer-si-tu-as-un-chien et donc Seb prévoit de s’y rendre avec ce demeuré de Jackson. Et, à ne pas oublier pour les futurs touristes, il ne faut surtout pas griller le feu car il y a là une boîte radar qui te photographie si tu entreprends d’enfreindre la loi... Four au taquet, sommeil de bucheron aviné.Samedi. Grasse matinée. Quelques recherches et autres visionnages sur youtube, et nous investissons la Ken-mobile afin de nous rendre au légendaire Forum d’Inglewood. Le palais du showtime dans lequel étincelaient Magic, Jabbar, Worthy et les autres. La nostalgie passée, nous nous dirigeons vers le Staples center, nouvel antre des Lakers et des Clippers. Ce soir, les Clipps accueillent Cleveland. Rien de bien folichon, à première vue. Pourtant, le stade est plein. Pour la simple et bonne raison que le nouveau petit génie du basket US, Lebron James, évolue aux Cavaliers. Bon, le match est une catastrophe, mais peu importe. L’essentiel est de se plonger dans l’ambiance d’une salle NBA. Un spectacle impressionnant de maîtrise et d’attractivité. Si l’on excepte le grand blond qui s’est vomi sur le paletot dans le couloir qui conduit à ma place. Ils sont forts ces ricains... Et il y a même un espace pour les fumeurs ! I am dreaming... Mes deux voisins ont parlé pendant tout un quart-temps des armes de poing qu’ils venaient d’acheter et d’essayer dans les bois, sans qu’aucun des spectateurs alentours ne soulève la moindre objection. Ah, le rêve américain...





Coup de froid dans le Nevada

Aujourd’hui, c’est dimanche. Hier, malgré les protestations de Seb, nous n’avons pas pu louer une voiture. L’agence de location exigeait une carte de crédit. Sésame dont se munit systématiquement chaque américain qui se respecte, quel que soient ses revenus et son niveau de vie. L’essentiel étant de pouvoir s’élever au-dessus du sien. Et de celui du voisin si possible. Quoi qu’il en soit, et malgré les risques encourus, nous optons pour une escapade dans la Ken-mobile. Bref, comme à l’habitude, le réveil est tardif. Nous ne décollons qu’en début d’après-midi. Avec un arrêt forcé au Burger king, parce que j’ai les crocs. LA - Vegas en cinq heures, sans pluie ni poteau, et encore moins de bouchon. Eh, Jaime, je t’assure que c’est possible ! On l’a fait ! On roule tellement vite que l’on n’a pas le temps de voir défiler l’intégralité du train de marchandises de 12 kilomètres de long. Le trajet se déroule sans embûche. Un arrêt burger et milk shake à Baker, charmante petite bourgade où l’on imagine aisément se développer le concept familial d’élevage de tueurs en série. Faut bien s’occuper.


La nuit tombe, nous papotons tranquillement tandis que les lumières de Vegas éclairent le désert du Nevada. « Vegas, baby, Vegas. » Evidemment, Seb, sur qui je rejette l’entière responsabilité de cette grossière erreur, se trompe de sortie. L’occasion de remonter le Strip d’un bout à l’autre. « Fresh beer, dirty women », peut-on lire sur une enseigne. Un établissement du meilleur goût, à n’en pas douter. Petite déception, le mythique Stardust a fermé ses portes. Les travaux du prochain établissement ont déjà commencé... Las Vegas, ou le temple du m’as-tu-vu, de l’esbroufe et du gigantisme parfaitement démesuré. La ville du vice, appellation qui ne relève aucunement de la légende. Enfin, si on ne la compare pas à la quasi-totalité des autres villes du monde. Tiens, prenez Caracas, Rio, Bangkok... Nous abandonnons notre courageuse décapotable dans le parking de l’Excalibur, casino meringué en forme de château fort féérique.


Coup de froid jusqu’à la porte, et je m’aperçois, conditionné que je suis après quatre jours de states, que des joueurs tirent fiévreusement sur leur cigarette aux tables de jeu. A l’intérieur du bâtiment ! Je jubile, mais ma joie ne représente rien en comparaison de celle qui anime Seb. Celui-ci prend un malin plaisir à retirer la clef de notre chambre avec la clope au bec. Délice suprême. L’endroit est confortable, mais dépourvue de fer à repasser. Mes habitudes de trentenaire soigné s’en trouvent perturbées. Reposés, sabre au clair et cigarette aux lèvres, nous pénétrons la tanière du démon (antre a déjà été employé plus haut, pour les puristes qui, je l’écris sans la moindre hésitation, m’emmerdent prodigieusement). Nous glissons un dollar dans une machine, puis un deuxième. Toujours pas de serveuse à l’horizon. Nous gigotons, nous impatientons, mais elle finit par arriver. Nous commandons une margarita bien fraîche. Par cette chaleur, c’est tellement plus judicieux... Deuxième étape, car l’Excalibur n’est que peu attrayant, le Luxor. Immense pyramide dressée sur l’autel du jeu. Impressionnant. Nous y allons par les sous-sols, c’est plus prudent. En revanche, une minute en extérieur nous permet de comprendre que chaque percée dans les rues va s’apparenter à un chemin de croix. La température est descendue sous la barre fatidique du zéro. Inutile de préciser qu’une petite veste en cuir ne permet pas de défier sereinement les rafales de vent qui balayent la ville. Transis, nous pénétrons dans New-York. Ils sont cintrés ces ricains... Au bout d’un quart d’heure, je parviens à décoller mes paupières. Dix minutes plus tard, le sang circule à nouveau dans mes membres. Un café, dans Little Italy, je suppose... Une bande de jeunes américaines perpétuent dans une hystérie spasmophilique une tradition des plus US. En l’occurrence la perte de raison momentanée, ou comment passer, en l’espace de quelques verres, d’une figure d’étudiante quasi-frigide et un soupçon réactionnaire à celle d’une jeune femme profondément délurée dont le principal objectif semble être de se retrouver dans une chambre avec trois camarades de type masculin, éméchés ou non, afin de reconstituer les scènes de film porno les plus extravagantes. Toujours avec cette voix stridente particulièrement horripilante. A New-York, nous prenons la décision de ne pas jouer. Nous préférons mettre à profit la cordiale invitation qu’un sous-fifre boutonneux du casino nous a négligemment tendue lors de notre arrivée. Nous pénétrons dans le bar. Quatre blondasses à la poitrine affriolante (fort bien mises en avant, il faut le reconnaître), couvertes d’un chapeau de cow-boy, se tortillent de façon suggestive sur le bar en excitant les garçons. Visiblement, le procédé fonctionne à merveille avec les mâles environnants. Seb et moi échangeons deux phrases, admettant tout de même que la grande brune cachée derrière nous présente d’indéniables charmes, et on se barre. En vue, à travers les rafales de vent glacial, le désormais célèbre Bellagio. Merci Steven. Tout en marchant à un rythme effréné vers les rayons de lumière, je n’ai aucun mal à imaginer que je puisse être doublé sur le parcours par des Huskies tirant un traîneau à roulettes. Deux touristes asiatiques se prennent en photo devant l’hôtel. Nous tentons de nous immiscer sur le cliché. Trop tard. Nous entrons. C’est immense, extraordinaire, d’un mauvais goût rarement égalé. Mais bon, c’est le Bellagio quand même. De toute façon, pour le moment, je ne distingue strictement rien. Le choc thermique parasite l’intégralité de mes facultés sensitives. Une petite Margarita devrait nous remettre d’aplomb. Nous prenons siège, mais contre la machine nous ne parvenons qu’à repousser timidement l’échéance, inéluctable, de la perte de notre mise initiale. En revanche, derrière nous, un jeune freluquet fait sauter la banque. Pendant vingt bonnes minutes, les compteurs s’affolent sans discontinuer. On s’en fout, on boit un coup et on recrache notre fumée dans sa direction.


A ma gauche, une femme sans âge martèle les boutons de deux machines, fume et sirote un whisky. Il fait chaud, les moquettes rouges sont mœlleuses, mais la mélancolie nous guette et nous rappelle vers notre mère patrie. Direction le Paris, avec ses répliques de la Tour Eiffel, de l’Opéra et de la gare d’Orsay, sans oublier le gigantesque immeuble haussmannien en guise d’hôtel. Impressionnant, délirant. De grands malades, ces ricains... A l’intérieur, après avoir une fois de plus bravé le froid polaire du Nevada, je m’émerveille en admirant le décor. Un ciel factice comme plafond, illuminé artificiellement, qui donne l’impression d’être en plein jour. Les pavés verdâtres, les boutiques, les cafés, les « toilettes », tout y est. Bon, les serveuses sont sapées comme des putes des Maréchaux, mais à part ça...


Nous sommes étourdis, engourdis, et donc nous prenons le parti de nous offrir une bonne nuit sommeil. En même temps, la nuit est déjà bien avancée. Nous nous assoupissons, sans même joindre l’une des charmantes hôtesses dont la photo orne le catalogue de filles de joie distribué à la volée sur le strip. Je ronfle, paraît-il, comme un gendarme alcoolique. J’ai rien remarqué.

5 Comments:

Blogger Sebas said...

Voila exactement ce je disais dans mon courrier electronique a propos du climat:
"Alors pour le climat de Janvier, c'est toujours mieux que dans le Pas-de-Calais meme si ce n'est pas la canicule. Il peut faire tres beau et doux dans la journee (pas de quoi aller dans la mer), mais le soir, avec l'humidite il peut faire tres rapidement frisquet. C'est a dire dans les 10 degres celsius."
C'est vrai qu'il a fait de 10, mais bon...

samedi, février 10, 2007 8:02:00 PM  
Blogger chronik said...

Il a raison le Seb, faut pas lire ça ! C'est interminable, chiant et inutilement sophistiqué. Laissez couler et attendez le prochain !

dimanche, février 11, 2007 4:50:00 PM  
Anonymous Anonyme said...

Quiplus est, nous avons droit à des répétitions ... sur le doggy park
Toutefois j'ai lu jusqu'au bout, vos diverses sorties "fumatoires" dignes du jour d'après

lundi, février 12, 2007 4:23:00 AM  
Blogger Sebas said...

Patate! La repetition sur le Doggy Park c'est parce qu'a chaque fois que nous sommes passe devant (4 ou 5 fois) j'ai du mentionner le plan drague/chien et le radar.

lundi, février 12, 2007 7:49:00 AM  
Blogger caroguitou said...

thomas tu as de la bedeine !!! L.A ou GUYANE ?

mercredi, mars 07, 2007 12:55:00 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home