26 février, 2006

A lire après celui qui vient après


Alors que j’en étais à ma définition de la pédagogie sur le précédent post (le suivant selon que vous lisez ce Blog, donc), je reçois un appel d’un pote du foot qui me dit que parmi ses amis de poker hebdomadaire il y en a une qui veut ab-so-lu-ment me rencontrer parce qu’elle est chaude comme la braise et a envie de sexe. N’y réfléchissant pas deux fois, j’enfile une paire de chaussure, mets une veste et m’engage en direction de chez ledit pote. Arrivé là-bas (tout est neuf et tout est sauvage), une jolie brune aux yeux bleus m'ouvre (mais c'est la femme de mon ami. Dommage...), je fais la connaissance d’un ancien pro de base-ball (chez les White Sox de Chicago) et de la tête la plus connu de la pub américaine. Bon début me dis-je. Maintenant, où est-elle cette perle rare qui a envie de s’encanailler dans les bras velus d’un franco-espagnol ? Et alors, il me présente à une maigrichonne d’une cinquantaine d’années (au moins !) qui ressemble à Brigitte Fontaine avec des cheveux longs et 10 centimètres de plus. Pour moi qui aime les rondeurs, me voilà servi ! Une horreur ! Le pire de tout, c’est qu’apparemment elle connaissait l’objet de ma venue. Et vas-y que je te caresse la main pendant que je distribue les cartes, que je te passe la main dans le dos quand je vais pisser, que je te lance des œillades saprichiennes dans La folie des grandeurs. Moi, qui voulais être poli et faire semblant, je m’enquillais bière sur bière sans discontinuer dans l’espoir d’être gagné par cette euphorie qui te ferait trouver sexy Arlette Chabot. Une espèce d’instinct de conservation m’a maintenu sobre. Même s’il s’agissait de bières américaine, j’ai du en boire une quinzaine. Rien. Pas même un petit vertige. De marbre le Sèb ! Quand je voyais le belgo-suisso-français me faire les gros yeux l’air de dire « Assures mec ! » j’allais au frigo me remettre une tartine de houblon. Irrémédiablement celle-ci m’ouvrait encore plus l’esprit. Finalement je termine la soirée en compagnie de Nat King Cole et de mon PC. Imaginez, j’aurais pu me couper sur une omoplate de Kékéland chevelue ! Je l’ai échappé belle !

A bientôt.

Hymne à l'A...


Je viens de lire les commentaires du dernier post et que c’est bon de se sentir ainsi désiré ! Même s’il ne s’agit que d’amis qui apprécient de lire mes âneries. Vous réclamez un nouveau post ? Je ne crains de vous décevoir. Jusqu’à présent j’ai été fidèle à mon premier post : j’ai surtout craché des saloperies sur tout et n’importe quoi. Je n’ai eu de pitié ou de compassion pour personne. Mais pourquoi tant de cynisme ? Je vous avais promis les sacs à dos. Vous les avez eus. Je vous avais promis des anecdotes croustillantes et grotesques. Vous les avez eus. Je vous avais promis des coups de gueule. Vous les avez eus. Et tout ça aux dépens de pauvres gamins des quartiers pourris de LA, d’une gamine dont la mère était victime de la politique sociale étasunienne et de pauvres gars qui n’ont d’autres moyens d’expression que de brûler des voitures.

Cette fois-ci je veux être positif. Ecrire un post mièvre, rose bonbon, sucrée et sincère. Un post qui sera Amour. Ne vous attendez pas à des révélations sur mes aventures d’ici. Je suis bien trop pudique ; onanique aussi… Pourquoi une post d’amour alors ? Parce que mon philosophe préféré, Franck Dubosc, écrit dans ses derniers travaux : « Quand je pense à ceux qui ont chanté A toutes les femmes qu’on a aimés avant. J’ai l’impression qu’il vaudrait mieux les aimés pendant. »

Devant la profondeur du propos, on ne peut que s’incliner. Mais ne vaut-ce que pour les femmes ? Ne pourrait-on pas élargir cette pensée à tous les gens qu’on aime ? Dire Je t’aime gratuitement, quand on en sent l’envie, à n’importe qui, sans peur d’une réaction négative, sans arrière pensée sexuelle, sans la peur d’être pris pour un homo (d’ailleurs, quelle honte à ça ? Plusieurs fois, des personnes ont cru que j’étais homo et je n’ai pas démenti, pour le plaisir de voir les réactions... Ceci dit, moi, une fiotte ! Regardez la bête de plus près, s’il vous plait !), simplement parce que c’est la plus belle chose à entendre, la plus belle chose à dire à une personne qu’on aime. Et évidemment, joindre les actes à la parole.

Dernièrement, un très bon ami qui baigne dans une insolente béatitude avec la femme de sa vie que c’en est agaçant pour les célibataires comme moi, m’écrivait qu’à peine après trois mois de relation, il avait dit Je t’aime à sa blonde. J’ai pensé qu’il été fou, que son cerveau était mal irrigué, que la rupture d’anévrisme le menaçait. Je lui ai écrit pour lui faire part de mon inquiétude. S’il lui dit ce genre de chose dés le début, il se peut que :

1) elle le croit ;
2) ça lui plaise ;
3) ce soit réciproque ;
4) elle veuille s’engager dans un truc malsain, genre vivre ensemble ou faire des mômes ou les deux à la fois.

Quand Bob a massacré le flipper, j’avais plus d’arguments en poche, j’ai réfléchi et je me suis dit que c’était lui qui avait raison. Forcement, c’est plus facile à dire Je t’aime quand on a trouvé l’Amour de sa vie et surtout quand on vient de le faire. D’ailleurs, pourquoi les hommes disent-ils toujours Je t’aime après l’amour ? Ou pendant, ce qui est sensiblement pareil ? Pour remercier ? Pour se faire pardonner ? Pour être sur de pouvoir remettre le couvert plus tard ? Ou bien, se disent-ils : « Elle peut me répondre ce qu’elle veut, moi, j’ai déjà tiré ma crampe. Un mensonge ne coûte rien.»


Quoiqu’il en soit, ma pudeur reprenant le dessus, je ne vais pas me mettre à dire des Je t’aime à qui mieux mieux. Ceux que j’aime le savent. Enfin, j’espère. Je le leur dirais, bientôt. Je vais adresser ce Je t’aime à ceux qui ne risquent pas de lire ces lignes : mes élèves. Comme on y revient ! J’ai beau essayé de trouver de nouvelles saloperies à écrire sur eux, mais rien ne me vient. Une anecdote toutefois. Sachez qu’en anglais Congruent signifie de même mesure.

« Two triangles are CONGRUENT if their sides are CONGRUENT and their angles are ?
- Complementary !
- Supplementary !
- Vertical !
- Alternate-interior !
- Corresponding !
- Acute !
- Obtuse !
- Well, no. Congruent…»

Et oui, j’aime mes élèves. Après être passé par une phase de rejet et de mépris, je me surprends à les apprécier de plus en plus. Tout d’abord parce que je peux me lâcher et faire des clowneries (et je reste poli) en classe. Ensuite, je ne sais pas ce qu’il a bien pu se passer, si l’un(e) d’entre vous est allé les voir et leur a expliqué le Sèb des grandes heures, mais voilà que du jour au lendemain je me retrouve avec des élèves femelles qui me disent que je suis hot and sexy, que j’have de beautiful eyes (c’est vrai…), qu’ils ne laisseront pas quelques casses-couilles me pisser off et mess in my classe même s’ils doivent se battre. Hallucinant ! Agréable aussi. C’est toujours autant le bordel, mais un bordel agréable. Avec ça, le prof d’espagnol me dit qu’il a surpris une conversation entre élèves et que je suis ex aequo le prof le plus sexy de l’école avec le prof de bio. Un peu de respect ! Je suis le Georges Abitbol d’Animo South LA ! Il ne manquait plus que je devinsse un héros… C’est fait, et pour deux raisons. Il y a deux semaines de cela, je reviens de faire mon tour de pâté de maison pour fumer ma clope digestive. J’évite de parler aux élèves avec mon haleine nicotinée, entre rapidement dans mon bâtiment et tombe sur une de mes élèves en train de mettre une série de coups de poings à une autre. N’écoutant que mon courage et en évitant soigneusement de les toucher, je me suis interposé entre les deux furies et ai mis fin à la boucherie. Donye Moubayé ! Sur ce la cavalerie est arrivée (pas les flics ! Le dirlo et le pion !) et ont pris les choses en mains. Mais la gloire est retombée sur Bibi… Première raison !
Deux jours après cet épisode onusien de ma vie de professeur, je me prends un vilain coup de coude dans la pommette à l’occasion de notre troisième défaite consécutive en championnat de foot. Non tantum je suis ouvert, sed etiam je me retrouve avec un gros bleu sous la paupière. Je n’étais pas peu fier le lendemain d’exhiber ma blessure de guerre en classe.

« Mister Garcia ! What happened to your eye ! I thought nothing could happen to you ! You’re like Superman ! »

Texto, et venant de deux élèves différents, mâle et femelle. J’ai failli m’évanouir de plaisir. Deuxième raison.

Comme je l’ai souvent dit, la pédagogie se résume à peu de chose : la connaissance et la passion de sa discipline, beaucoup de démagogie, un peu de charme, un peu de sérieux, beaucoup d’intégrité. J’avais pas mal exercé le sérieux, l’intégrité, la connaissance et la passion de ma discipline. La démagogie, j’évitais de m’y risquer. Quant au charme, il n’avait pas l’air de fonctionner. La culture est-elle si différente entre France et Etats-Unis que mon charme n’opère pas sur de jeunes Angelinas. Au vue de ce qui précède, vous voyez bien que non. Il fallait que jeunesse s’exprime.

Alors pourquoi est-ce que j’aime mes élèves ? Parce qu’il flatte mon ego ? Parce qu’ils rient à mes conneries ? Parce qu’ils sont bon public ? Ou parce que, comme il s’agit d’un forfait, ils se sont enfin mis au boulot ? Parce qu’en l’espace de trois semaines nous avons abattu plus de travail qu’en trois mois ? Parce qu’ils flattent le prof que je suis en venant me poser de vrais questions durinegue maille offissaweurse ? Parce qu’ils connaissent leur cours ? Parce qu’ils font leurs devoirs ? Parce qu’ils préparent les quiz ? Parce que ce sont des élèves et que je suis prof ? Dois-je être caressé dans le sens du poil pour apprécier les gens ? Avais-je simplement besoin qu’ils me disent Je t’aime ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que je ne suis plus aussi vindicatif qu’avant et envisage même de prolonger l’aventure… C'est dire.

Je vous aime toutes et tous.

A bientôt.

09 février, 2006

Chose promise...