25 mars, 2006

Ordell Robbie

Voilà une semaine de plus qui se termine. En apothéose ! Alain Souchon dans les oreilles et du pisse-mamie pour bien dormir dans le mug. Vous en avez rêvé ; Sèb l’a fait. La vie trépidante, à cent à l’heure, sans temps mort, sans répit, à pleines dents.
Voyons, voyons jeunes naïfs, je ne prends pas le clavier pour vous chanter un baiser osé, sur mes lèvres déposé par une inconnue que j’ai croisée sur une plage de Malo Bray-Dunes. Même si comme dans la chanson, dans les blondes j’ai des lacunes. D’autant que ça doit en surprendre plus d’un(e), que même dans la quiétude de ma chambrette, je ne sois pas à carburer à la Baltika nº3 ou à la Stella Artois. Du pisse-mamie ! Quelle horreur ! Mais vu qu’en matière de calmants, le tout-venant a été piraté par les mômes j’ai du me rabattre sur le bizarre. Et ça ne me rajeunit guère.

Alors cette longue introduction pour quoi ? Deux choses : une réunion avec un père d’élève hier et la soirée dansante inter-campus ce soir. La première pour souligner la différence fondamentale entre des gens normaux (nous) et les ricains. Là où nous voyons le racisme eux voient l’égalité des chances. La seconde pour vous faire part de ma première vraie expérience caricaturale South Central-Inglewood.

A l’approche de la fin du quarter (mi-semestre), nous convoquons les parents des vrais nazes pour leurs faire part du très probable redoublement de leur progéniture si elle n’obtient pas la moyenne dans au moins trois matières sur six, et les parents des vrais glands qui pourraient faire mieux, qui n’arrivent pas à se tirer les doigts du cul (Je l’ai placé !!! Et je ne suis pas viré !!!) et compromettent fortement leur entrée au College (sans accent. Vous me suivez ?). Hier jeudi, il s’agissait du deuxième cas. Thomas H., un gaillard plus grand et plus balèze que Spiderman bag, mais avec plus de facilités dans toutes les disciplines. Mais Monsieur dort, n’en rame pas une et se retrouve avec une moyenne digne d’un débile profond. Papa arrive avec fiston. Le prof de bio et moi (les deux profs les plus sexy du lycée…) y allons de notre déception et de nos espoirs déçus, dépité par le jeanfoutrisme du jeune homme. Il acquiesce. Papa confirme, menace de sucrer les vacances aux Bahamas cet été. Et là, Sexy the Second renchérit sur le thème :

« We need a top African American student. For Animo South LA, it would be great! Colleges would look forward having an African American student from South LA. »

Mon sang n’a fait qu’un tour. Après apprendre en rythme, le nègre alibi !

Je passai ma stupeur en allant me faire dix kilomètres sur le remblai de Santa Monica en tenue de fashion runner californien dont il faudra que je vous mette une photo bientôt.

Ce soir, je m’étais porté volontaire pour chaperonner la soirée inter campus sur le site d’Inglewood. Après deux pintes de bières dans un troquet fort sympathique de Venice en compagnie de mes collègues, me voilà sur place. Un DJ de merde, des enceintes de merde, de la musique de merde, des éclairages inexistants et des adolescents qui s’ennuient en chœur. Une soirée ado classique, en somme. Des noirs habillés en Gangsta Rappers, des noires habillées en cochonnes. Pour les latinos itou. Ça chambrouille, ça dragouille. Gentiment. Je m’ennuie ferme avec le Security Guy de mon campus. Il est zaïrois, on parle français et on écoute Maceo dans ma bagnole. Alors que nous estimons que la soirée doit se finir fissa, sort une de mes élèves escortée par une chaperonne. Elle vient de se battre. Je passe à l’intérieur voir ce qui se passe. Une autre fait une crise d’asthme dans les chiottes. Et alors qu’à cause de ce crêpage de chignons la soirée est enfin finie, la chambrouille devient du défi entre South LA et Inglewood. J’incite mes ouailles à regagner calmement l’extérieur du bâtiment et à se calmer. Une fois dehors rebelotte. J’ai l’impression de les avoir un peu calmés. Mais c’était sans compter sur leur immense connerie. Partent une pêche, deux, trois, puis c’est la mélée. J’en chope un au vol et laisse les autres se friter. J’ai la vocation de héros. Pas de martyre. Deux minutes plus tard, taratatatarata ! la cavalerie débarque. Montre en main. Deux minutes plus tard, vingt bagnoles de flics, matraque à la main, fusils à pompe à balle en caoutchouc qu’ils arment bruyamment Schlac-schlac ! Les vrais cow-boys. La BAC à côté, c’est des fiottes. Et qui c’est le plus con des miens qui a commencé la baston ? Qui ça ? Et oui ! Vous avez tous deviné, mais malheureusement c’est bien le nègre alibi ! Je me prépare une sympathique semaine prochaine, voire week-end pour rendre compte au principal et débriefer l’incident. Mais si je peux lui niquer ses vacances aux Bahamas comme il m’a niqué ma soirée et certainement ma semaine prochaine, je vais le pourrir. Circonstances atténuantes : aucune. Circonstances aggravantes : la liste est trop longue.

Espérons que le week-end sera meilleur que la week-ending.

A bientôt.

20 mars, 2006

Ace

Aujourd’hui, je suis vanné. Comme un lundi. Ce week-end je ne me suis même pas fendu d’une grasse mat’ réglementaire ou même d’une sieste ! Le comble ! Il y a des semaines comme ça. Pris dans un engrenage d’activités aussi diverses que passionnantes, on en met son sommeil à l’épreuve.

Samedi matin, je me suis levé tôt pour aller au lycée faire le clown pour mes mongols. Ensuite, je me suis adonné à une activité qui en d’autres circonstances ne m’aurait guère amusé : la déclaration d’impôts. Quand je suis seul et que je peux rêver, je rêve que je te fais tout bas, ma déclaration. D’abord, faire une déclaration est fastidieux si on est seul. Samedi j’étais entre les mains expertes de ma belle-mère de la semaine passée. Puis, je me doutais fortement que l’IRS (Internal Revenue Service, les Impôt d’ici) allait me rendre des sous. Et ils m’en doivent les salauds ! J’adore ces démarches administratives qui aboutissent à de bonnes nouvelles. Par respect pour ceux qui sont fortement taxés (gagnez moins, salauds de riches !) ou pour ceux qui ne le sont pas (travaillez un peu fainéants de pauvres), je ne m’étendrais pas sur la ristourne fiscal que m’octroient l’Etat de Californie ainsi que le Gouvernement Fédéral. Enfin, pour conclure ce samedi, je me suis rendu à Ventura, entre LA et Santa Barbara. Pas pour le plaisir de rouler sur les autoroutes californiennes, capote baissée, mon i-Pod à fond (faut bien que je dépense tout ce pognon), avec lunettes de soleil et casquette à l’envers, Coca dans le porte-gobelet, Cheese Burger et frites sur le siège passager. Mais une collègue de l’an passé y habite avec son œnologue de mari. Depuis juin que je ne les avais vu ! Et surtout, ils ont eu un chiard entre temps. Je ne peux m’empêcher de ne pas passer sous silence le fait que je fus le premier à remarquer la grossesse de la dame. En revanche, je dois être le dernier à avoir vu leur petit bridé. Car Madame est chinoise. Monsieur quant à lui est de quelque part dans la vallée du Rhône. Tout roux et tout costaud. Et comment croyez-vous que le minot est ? Rouquin comme son père et bridé comme sa mère. Plutôt singulier. Mais tellement a-do-ra-ble ! Disons qu’il a passé la phase insupportable du BCD (pour ceux pour qui BCD est un mystère, lisez donc Lulu s’maque de Margerin) et qu’on peut commencer à lui faire faire des conneries. Dés 9 mois. Sèb, des jeux intelligents.

Le soir, nous sommes allés dîner chez des amis à eux. Des ricains. Jean-Pierre (oui il est ricain ! Il y a bien des français qui s’appelle Branedone ou Djésone) et Stacy. Et c’est nous tous ensemble qu’on a préparé les ravioli qu’on a mangé. Je pensais bêtement que les ravioli se remplissait comme des choux à la crème. Pas du tout. C’est d’une simplicité que même mes élèves sauraient le faire. Non, je déconne : l’an prochain, ils auront la motricité nécessaire pour tenir correctement une cuillère. Je leur donne une dizaine d’année avant de pouvoir s’adonner à la joie du ravioli.
Je ne tiens pas m’étaler sur la technique. Voyez les photos et imaginez. Le repas fut donc très bon, arrosé de bon pinard (elle est loin la bière ricaine), la conversation tournant essentiellement autour du mariage de nos hôtes, des fumeurs et des odeurs de tabac. Il fallut alors que la future Madame Jean-Pierre se fendît d’un « I love pipe ! » aussi ingénu que spontané. J’éclatai misérablement de rire.

Peu après, nous rentrâmes et nous mîmes au lit sur les coups de 2 heures. Un nourrisson même adorable n’en reste pas moins une source de bruit matinal. A 7h30 il m’a réveillé. Comme le couple Mao était également sur le pied de guerre, nous en profitâmes pour, après le petit-dèj, aller ballader sur la plage qui fait face à leur immeuble. Je ne pus m’empêcher d’emprunter un maillot de bain et braver les 15°C de l’eau. Sacré coup de fouet ! J'y serais volontiers resté plus longtemps , mais les galets me faisaient mal au pied. Je dus sortir précipitamment. Je me consolai dans le jacuzzi.

La fin du week-end fut plus convenue : retour à LA décapoté, i-Pod à fond, lunettes de soleil et casquette à l’envers, foot, victoire (enfin !), cours particulier et dodo pas complètement serein. Pourquoi ? Aucune idée.

Maintenant, il pleut et il fait froid. Le tonnerre gronde et il n'y a plus de courant. Je suis dans mon lit, sous mes couettes, près à m’endormir alors qu’en France, certain(e)s se lèvent, qu’en Guyane ou au Canada d’autres dorment déjà. La magie du décalage horaire.

A bientôt.



12 mars, 2006

Le Glaude, le Bombé et la Denrée

Le samedi soir est le soir de tout les excités et moi je ne tenais pas particulièrement à aller faire la bamboula en boite de nuit. Cependant, j’allai dîner chez des amis. Les consignes étaient : « Coucher tôt, pas de clopes, pas d’alcool, nouilles et beaucoup d’eau. »
Eurosoccer devaient jouer ce matin à 8h00 contre TC Soccer. Pour la revanche de la finale, pour que nous nous prenions une autre branlée (5, on en prend dimanche dernier ! 5 ! Le spectre AOB plane à nouveau sur ma tête…), pour se faire un réveil matinal et profiter pleinement du week-end pluvieux (ou moins jeune. C’est plus positif). Mais qu’apprends-je en sortant de chez moi ? Qu’à cause des susnommées pluies, le match est annulé. Du coup, les consignes, pfiout ! oubliées. Alors clopes, bières, soupe aux choux (nous avons des délires bizarres…), viande et au lit à l’aube. Ne pas se trémousser frénétiquement sur des rythmes endiablés avec 12.000 décibels dans les tympans n’empêche pas une nuit d’ivresse.
Et surtout, ELLE était là. Belle comme jamais, débordant d’enthousiasme, de vie. A m’en attendrir et m’émouvoir. Nous nous étions déjà rencontré en septembre. Je ne sais pas si ça s’est déclenché en cette occasion. Quoiqu’il en soit, le courant était bien passé. Des regards à la dérobade, des frôlements de mains un peu trop fréquents pour être dus au hasard. Mais trop de monde, trop de bruit, trop d’émotions (nous apprîmes ce jour-là la séparation d’un couple qui nous semblait modèle) avaient empêché toute intimité et toute possibilité d’approche de part ou d’autre. Et puis son âge ! ELLE est très, très jeune. Outre l’aspect légal de l’affaire, ma morale me taraude. Pourtant je fais jeune, c’est indéniable. J’ai un physique de jeune homme, on me demande encore ma carte d’identité quand j’achète des clopes (Interdit aux moins de 18 ans) ou de l’alcool (Interdit aux moins de 21 ans), mon regard respire la candeur adolescente et mon corps d’éphèbe n’a de cesse de changer jour après jour (je vais aller chez Delarue moi !). Mais la différence d’âge est énorme. J’en connais ici des couples à différence d’âge mathusalémienne, homme plus vieux (ou bruineux si on préfère) ou l’inverse. Mais il s’agit toujours d’adultes de plus de 25 ans.
J’imaginais un dîner à trois, tranquille, où les verres de vins allaient chasser les bouteilles de bière et la conversation allait lentement mais inexorablement glisser des ragots vers les maths. Mais en arrivant, je sens le traquenard. ELLE est là. Il n’est plus question de se cacher. La passion l’emporte sur la morale. Les deux autres sont complices et cautionnent. Alors pourquoi se priver ? L’alcool que j’ingurgite n'est pas un prétexte à me donner du courage, mais un moyen d’exprimer mon euphorie et mon bonheur. Sans tomber dans une béatitude malsaine nous nous retrouvons sous l’œil amusé de nos hôtes. Ces derniers ont la bonne idée de nous laisser seuls dans le salon. Je souffre le martyre en retenant tout dégazage intempestif (rapport à la soupe aux choux). Mais, il n’y a que nous deux et rien que cela suffit à me faire supporter ces viles souffrances physiques. Nos yeux plongés dans ceux de l’autre, nous respirons à l’unisson, et puis peu à peu nous nous endormons bercés par le souffle du chauffage. Ce matin ELLE me réveille, doucement, affectueusement, amoureusement suis-je tenté d’écrire. D’un grand coup langue sur la joue.
ELLE s’appelle Bouddha. ELLE a neuf mois et c’est un Golden Retriever.
Vous y avez cru ?
A bientôt.



03 mars, 2006

Jour de Glande avec un grand P


Vendredi, j’ai pris ma journée. Quel bonheur la semaine de quatre jours ! Et dire qu’il y en a encore qui se demande quel intérêt il peut y avoir à une semaine de quatre jours ! Le bonheur de glander au pieu, de prendre son petit déjeuner par épisode (un jus d’orange à 9h00 et puis retour au lit pour redormir ; tartines à 10h30 et puis retour au lit pour bouquiner ; thé pour aider au lever définitif à 12h00), de mettre des heures avant de se décider à passer sous la douche, de faire les choses chiantes et stressantes comme payer ses factures et ses amendes sans stress et sans emmerdements.

Vendredi j’ai pris ma journée, donc. J’ai d’abord était réveillé par une pluie battante qui ne m’a guère incité à quitter la douce moiteur de mes couettes qui sont deux comme celles de Sheila. Puis j’ai pris un jus d’orange et me suis recouché pour écouter Daniel Mermet. Le temps semblait se dégager mais la flemme me tenait rivé au lit. J’ai lu quelques pages du Père de nos pères de Bernard Werber en m’enquillant une bonne tartine de pâté. Puis j’ai somnolé. Quand la position verticale me gêna trop, je pris mon ordi pour relire pour la deux mille cinq cent neuvième fois deux mails reçus la veille, envoyer quelques CV à Bogota, La Paz, Moscou, Tunis, Rabat, Casablanca, Budapest. Un calcul rapide et une écoute attentive des programmes de France Inter m’apprirent que je pouvais appeler ma sœur. Après une longue conversation où nous nous racontâmes des choses insignifiantes qui ne regardent que nous, je prenais mon thé suivi immédiatement de ma douche. Vous avez donc devinez qu’il était autour de midi bien passé. Entre temps, il s’était remis à pleuvoir sa mère.

Pour ceux qui ne connaissent pas la cité des anges, sachez que les anges ont horreur de la pluie, surtout quand ils sont au volant de leur 4x4 qu’ici on appelle SUV (dites èçiouvi). Ce sont des veaux. Alors que l’heure laisserait à penser que les routes vont être dégagée et libre de tout bouchon, la misérable conduite sous et sur eau des Angelinos et Angelinas en décide autrement. Au lieu de tarder une demi-heure pour aller de chez moi à Santa Monica, j’ai tardé une heure 10. Mais que pouvais-je bien aller faire à Sainte Monique sur Mer un jour de pluie ? Le 29 Janvier dernier, je suis passé à un feu orange, mais qui était très, très mûr. Flash. Lettre. Amende. Alors sur l’amende il était indiqué que je devais me rendre au tribunal de Mo nique la Sainte pour m’acquitter de ma contribution financière aux services de la sécurité routière du Comté de Los Angeles. Je me voyais déjà à la une du LA Times sortant du tribunal encadré de mes deux avocats, Ally Mac Beal et Perry Mason, provoquant la chute des pontes du Police Department de Culver City par mes déclarations fracassantes. Le Lieutenant Columbo, Simon & Simon (recrutés pour la circonstance), le Capitaine Fuller et Colt Sivers n’ayant d’autres choix que de corroborer mes propos accusateurs. Même le vieil Ed Exley sera inquiété par les témoignages accablants de Brandon Walsh et Richie Cunningham. En fait, le fait d’aller au tribunal permet des facilités (pas des ristournes) de paiement. Une heure dix de route pour payer une prune de $350.00 que j’avais payé le matin par téléphone (en prenant mon thé et avant ma douche). Mais je m’en fous, je suis en congé. Je fais ce que je veux à la vitesse que je veux. Du coup, je m’arrête à un garage pour changer mes pneus et ne plus rouler avec ma galette (ni sur l’or vu le prix des pneus). Oui, car voilà deux semaines que je roulais avec mon Donut de secours. Mais je vous raconterais cette aventure une autre fois.
Je suis rentré par Mulholland Drive parce que j’ai le temps, qu'il fait enfin moins moche, que l'air est clair et que de là-haut il y a une superbe vue, parce que j'ai envie de rouler paisible, à la fraîche, décontracté du etc., et que je peux penser à comment je vais vous raconter cette journée.
Il est 22h00. Entre mes CV et maintenant, je n’ai pas vraiment fait grand-chose. Et c’est bon. Je vais relire pour la deux mille cinq cent douzième fois (qui sait, un miracle ?) les deux mails reçus la veille, me mettre au lit avec Bernard Werber et penser à mon week-end commençant. Il y a foot dimanche...

A bientôt.