24 février, 2007

El pueblo unido

Mes amis, je viens de decouvrir que je ne pourrais pas voter pour Sego en avril. C'est Internet qui l'a dit. Voyez un peu.

A bientot.

18 février, 2007

Un samedi matin, midi et après-midi sur la Terre


Priceless
Vidéo envoyée par milleniumsebastos

10 février, 2007

Chroniques de LA I

Les deux posts qui suivent ont été écrits par chronik. Il y racontent les deux petites semaines passées ici en ma compagnie. C’est long, ampoulé, un brin prétentieux mais fort détaillé, super drôle, bourré de référence et de private jokes. Les photos et la mise en page ont été choisies par moi. Bonne lecture et à bientôt.


Los Angeles Chronical

Demain, je m’envole pour Los Angeles. Ma valise est bouclée, et considérablement allégée. Sur les conseils de Seb, je me suis délesté de mes vêtements d’hiver. « Ici, en ce moment, c’est le printemps », m’a-t-il assuré. Aucune raison de ne pas lui faire confiance. Les papiers sont en règle, et je confie mes effets dont le transport outre-Atlantique paraît des plus inopportuns (cadeaux de Noël, achats divers et variés) à mon hôte parisien, Pierre du Lys Boichu, dit Pierrot le rouge ou encore l’Homme du Panama. Ce dernier sobriquet ne lui ayant pas été attribué suite à ses innombrables révolutions manquées en Amérique centrale, mais plutôt pour ses habitudes dans la capitale. Locataire du chaleureux quartier de la Goutte d’Or, ce fervent militant de l’onclitude ébahie (un petit dernier à la santé de Max ?) s’adonne régulièrement à une courte séance de marche qui le conduit de la rue de Suez, dans laquelle il réside, au légendaire établissement Les trois frères. Et, pour y parvenir, il lui faut descendre, d’un pas alerte bien que légèrement nonchalant, la rue du Panama. Tout cela pour dire que l’on n’a pas coupé au traditionnel apéro-prolongé-couscous-café-calva la veille de mon départ. Néanmoins, et ce en dépit d’une énième joyeuse libation, j’ai parfaitement bien entendu mon réveil, dont la sonnerie stridente m’a tiré, à l’aube, d’un profond sommeil. Douche, café avec l’archiviste de Bobigny, et direction Roissy. Métro, évidemment, RER, et me voilà à l’aéroport. Bien trop en avance. Résultat : trois heures de poirotage en règle, entre absorption massive de café, lecture minutieuse de la presse internationale (L’Equipe, principalement, mais ça permet de voyager) et, cela va sans dire, les cent pas qui ne font que se multiplier. Après l’interrogatoire qui précède l’enregistrement de mon bagage (où allez-vous, chez qui, depuis combien de temps connaissez-vous cette personne, où avez-vous fait votre valise ?...), je me présente à l’heure dite à l’embarquement. Sans raison particulière, une sympathique employée des douanes me signifie que je dois poser mon séant sur une chaise, et patienter. Je commence à m’y faire. Et pendant ce temps, les futurs passagers défilent sous les portiques. Mon tour vient enfin, en chaussettes mais peu importe. Bien entendu, le vol accuse d’ores et déjà du retard. Donc, nous patientons. Brève discussion avec deux retraités texans (le vol est à destination de Houston et du prestigieux Georges Bush Airport...) qui me demandent si je vais passer des castings à LA, et une jeune femme rousse qui entend ralier Mexico. Avec une bonne heure de retard, nous décollons. Je glisse sur les péripéties du vol, puisqu’elles furent inexistantes. A peine mon gros voisin d’Austin a-t-il émis un léger ronflement. Atterrissage sans embûche.

« Run like the wind ! »

Les conseils prodigués par les différents adeptes des séjours angelinos au sujet du franchissement, toujours délicat, de la douane américaine ne me sont que d’une utilité toute relative. En effet, une fois mon svelte pied posé sur l’asphalte US, ma principale inquiétude est de parvenir à « attraper », comme disent les habitués des aéroports ( «Bah, t’as peur en avion ?!! Mais pourquoi ? C’est super safe, t’es ridicule ! ») ma correspondance. En effet, les deux heures prévues au départ se sont muées en une minuscule heure et quart. Une course contre la trotteuse s’engage, dans les immenses couloirs du GBA. La douane ? Une formalité. Mon interlocuteur : « Je souis aillé à Parisse deux jours l’année darnière. » Parfait. Tel Mercure, et là je n’évoque pas encore le thermomètre (mais j’y reviendrai), je vole jusqu’au terminal de départ pour LA. Plus de passagers, porte fermée. Le vol est en retard, l’appareil déplacé à un autre terminal. Il est toujours là. « Run, run like the wind !!! », hurle dans mon dos l’hôtesse au sol tandis que je m’élance à nouveau pour une course folle entre les badauds, suivi de près par un imposant Coréen vêtu d’un petit bonnet et d’un bombers, ce qui lui confère une allure que ne saurait dénigrer un homme de main de la triade. Une motivation supplémentaire pour presser le pas. On arrive juste à temps (qu’il est bon d’être trentenaire et de détenir encore une pointe de vitesse respectable...). Un couple de mexicains nous rejoint. Les hôtesses sont quelque peu embarrassées. Mais aux States, on ne badine pas avec le règlement. On a un billet, donc les surbookés sont éjectés sans ménagement. Agréable. Et là, un peu anxieux, vous vous interrogez, de manière on ne peut plus légitime, sur le sort de la rouquine mexicaine. Est-elle parvenu à obtenir sa correspondance ? Pas la moindre idée. En revanche, ce que je sais, c’est que sur les lignes intérieures il faut payer cinq dollars ses écouteurs, que la pizza sous vide se révèle tout simplement immonde, et que le Coca est bel et bien la boisson de base aux Etats-Unis. Le grand Coréen s’est assis à coté de moi. Il parle à peu près aussi bien l’anglais que moi l’Ouzbèk. Mais il parvient à se commander un Coca. Ouf. So long Houston. Et voilà déjà les lumières de Los Angeles. Putain, c’est grand...

Welcome in Dan Tana’s place

L’œil hagard et la démarche légèrement chaloupée (une pointe de léthargie après une sieste de nouveau né pendant la quasi totalité du vol), je me dirige vers la sortie du LAX. Comme dans un bon vieux Jacques Demy (suranné, un poil chiant mais très coloré et n’évitant aucun cliché), j’amorce ma descente par l’escalator, et découvre au pied de celui-ci un Seb un brin joufflu (les fêtes...), veston léger et catogan sans âge, un grand gobelet de thé à la main, qui m’attend sagement. A mon grand étonnement, il ne me reproche même pas le retard du vol en provenance de Houston. Direction le parking, et le cabriolet rouge-rosé de Ken. Jamais verrouillé. Qui volerait un truc pareil ?!! Sièges imitation sky, boussole accrochée au rétro, cendrier qui déborde, voilà un carrosse qui a de l’allure. Premier réflexe : je m’allume une cigarette. Pfffff... Après 18 heures de sevrage, du bonheur. Seb s’engage surl’autoroute. Je ne perçois qu’une partie de la conversation, absorbé que je suis par l’observation du décor. Avant d’arriver à destination, 3rd avenue au cœur de South Central, bref tour d’horizon. King’s boulevard, Leimert park, etc. L’épreuve du Jackson m’est épargnée pour le premier soir. Le monstre hideux et pétochard qui garde l’entrée a déjà pris ses quartiers dans la maison de sa maîtresse, Kim. Accessoirement propriétaire du logement de notre expatrié. L’appartement, justement. Les photos entrevues ici et là ne sont pas franchement révélatrices de l’aspect réel du lieu. En fait, seuls les veinards qui ont pu s’abreuver dans leur lointaine jeunesse des épisodes de la série Vegas comprendront lorsque je le décrirais comme une réplique à échelle réduite de l’appart de Dan Tana. Exception faite du garage, bien entendu. Quant au quartier, et bien on s’attend, le crépuscule venu, à voir Easy Rawlins se prélasser sur sa terrasse, un verre de whisky à la main (voir le Diable en robe bleue, bande d’ignares).

« Is there a Ralph’s around here ? »

Une première soirée marquée par une sage discussion, pas encore au coin du four mais le meilleur est à venir. Au petit matin, un Sébastien fraîchement rasé me réveille en croquant ses graines, et s’enfuit distiller son savoir aux jeunes écervelés d’Animo. J’adopte alors un rythme qui ne me quittera plus jusqu’à mon départ. J’entends par là réveil progressif et donc cotonneux en milieu de matinée, projection de films divers et variés (seul oubli malheureux, Volver), et finalement une douche en début d’après-midi. Non sans avoir déclenché l’alarme du détecteur de fumée fixé au plafond en me cuisinant deux steaks surgelés. La nécessité me pousse à entreprendre quelques sorties dans le quartier. Cigarettes dans la petite échoppe au coin de King’s et Leimert, marche paisible jusqu’au Starbuck le plus proche (celui qui jouxte la Washington Mutual, histoire de se réapprovisionner en dollars frais), etc. Avant cela, il me faut faire connaissance avec le supposé cerbère de la 3rd avenue. Non sans une certaine appréhension, qui découle exclusivement de la taille du molosse et de son quotient intellectuel pour le moins réduit (à bien y réfléchir, seule la couleur de ses poils le différencie d’un certain Viking). Mais il s’avère que l’infâme quadrupède est aussi gentil que trouillard. Seb effectue son retour en fin d’après-midi. Une bière, c’est évident, et en route pour les commissions. Dans le Ralph’s le plus proche. Seb n’a pas menti, et je constate qu’à LA, le communautarisme constitue une règle établie. Un quartier noir se veut effectivement peuplé uniquement de noirs, et d’une brassée de latinos. Pour la mixité, il semble préférable de se tourner vers les sphères sociales un peu plus aisées. À ces altitudes, le compte en banque revêt une importance nettement plus élevée que la couleur de peau. Tout cela pour dire que ma tête de craie dénote un brin dans le décor. Amusant, mais loin d’être perturbant. Question d’habitude. Le frigo rempli, nous voici dévorant l’asphalte en direction du Birds, sur Franklin, situé juste en face du château des scientologues. L’envie de pouvoir s’en griller une, ainsi que la chemise « pique-nique » du Seb nous commande de nous installer en terrasse. La température est encore acceptable, la nourriture aussi, et pour la première fois j’aperçois des américaines qui ne ressemblent pas à une bouée de sauvetage gangrenée. Seule difficulté : la voix haut perchée et nasillarde de ces dames, proprement insupportables. Une généralité, m’a-t-on confirmé. Effrayant. Retour au bercail, en me délectant du paysage longtemps lu ou vu au travers de romans et de films. Fascinante impression, en vérité.

Fred, Reda, Janice, Lebron and co

La journée du lendemain ressemble à s’y méprendre à la précédente. Seule variante : je fais la connaissance de Kim. Par hasard, et pas rasé. Ni coiffé, d’ailleurs. En short et vieux pull, porte ouverte, elle entre dans la cour et, je ne sais pas quel étrange phénomène lumineux, me confond avec Sébastien. Passée la stupeur mutuelle, nous nous saluons cordialement. Seb rentre du boulot. Une bière, bien entendu. Achat de cigarettes dans une pharmacie - plus rien ne m’étonne - et nous voilà parti pour le Westchester Sport Grill, plus communément nommé le 8 ball bar. Sans doute une référence au nombre de clients... Un sport bar d’apparence lugubre en plein Inglewood, dans lequel nous commandons un plateau constitué d’ingrédients fris et gras, et un pichet de bière, évidemment. Objectif : assister à une rencontre des Phoenix Suns, avec notre frenchie Boris Diaw-Riffiod et ce grand malade canadien nommé Steve Nash. Là, 90 % des lecteurs viennent de décrocher, j’en suis conscient. Glissons. Tandis que nous nous extasions devant la maestria des joueurs de la franchise d’Arizona, une chaîne d’infos rapporte en boucle l’arrivée prochaine de David Beckham au sein de l’effectif des LA Galaxy. Nous ne prêtons aucune attention à ce programme médiocre destiné aux fans de soccer. On est aux states, nom d’un chien ! C’est alors que nous nous rendons compte que, pendant que nous commentons avec une pointe d’exaltation les actions d’éclat des Suns, la conversation de nos voisins de comptoirs, américains pur jus s’il en est, tourne exclusivement autour de la venue du play-boy british du Real. Rien de moins surréaliste, à bien y réfléchir... C’est alors que je connais mon premier coup de barre, si je puis dire. Milieu du troisième quart-temps, Phoenix domine outrageusement et, à l’image des adversaires de Nash et consort, je sombre corps et bien. Parvenir à s’endormir debout au comptoir, voilà qui relève de l’exploit. Dès lors, il devient indispensable de préciser que la température a chuté de manière vertigineuse. Fini le printemps, retour de l’hiver. Et mes pulls et mon manteau qui se trouvent savamment pliés dans un sac, rue de Suez à Paris... Nous rentrons en rejoignant Jefferson par Duquesne. L’endroit où, je vous le donne en mille, se situe un doggy park qui-est-génial-pour-draguer-si-tu-as-un-chien et donc Seb compte bien s’y rendre avec ce grand bénêt de Jackson. Ah oui, pour les futurs touristes, il ne faut surtout pas griller le feu car il y a là une boîte radar qui te photographie si tu entreprends d’enfreindre la loi... L’appartement de Seb étant dépourvu de chauffage, le four fonctionne à plein régime. Efficace.Réveil frigorifique. Aucune envie d’affronter les rues de LA dans ces conditions. J’attends sagement le retour du prof, qui respecte à la lettre son emploi du temps. Il arrive, on boit une petite bière, fort logiquement. Ce soir, visite de Santa Monica. Le Yankee Doodle, sur la 3ème et Pico. Encore un sport bar, mais cette fois nettement plus cossu. Même s’il manque de canard, à la différence des canaux de Venice (voir plus loin). Nous y retrouvons Reda et sa compagne, ainsi que deux autres potes del hombre Garcia Alejo. Les Lakers finissent d’achever les Jazz, et bientôt la demi-douzaine d’écrans géants se désintéresse du basket pour des clips de minettes qui déchaînent les fantasmes de nos congénères masculins d’Outre-Atlantique. Amplement suffisant pour qu’autour d’une partie de billard arrosée d’un pichet de bière, fort bien venu, un débat soit lancé entre mâles de bonne compagnie. Alors, Britney Spears ou Jessica Simpson ? Les avis sont partagés, à ma grande surprise. Enfin. Malgré le froid sibérien qui règne à l’extérieur, les fumeurs que nous sommes ne peuvent réfréner leur pulsion. Quelques bouffées sous le panneau chauffant, et voilà qu’une femme d’une quarantaine d’années, visiblement SDF en dépit d’une carrière longue de 10 ans dans les marines (ah, les joies de la reconversions à l’américaine...). Elle est bavarde, et veut une cigarette. Plutôt habitué aux crackés de Cayenne, qui ne se distinguent pas toujours par leur courtoisie, je cède un clou de cercueil à notre interlocutrice, qui se présente sous le nom de Janice. « Are you a model ? », me demande-t-elle candide, avec une inquiétante lubricité dans le fond de l’œil, avant de se pencher dangereusement vers ma joue gauche, certes séduisante, mais il s’agit de conserver son sang froid. Ce qui ne paraît pas infaisable à cette heure... La situation s’envenime. Dragué par une clocharde, ancienne bidasse de surcroît, devant un bar branchouille de Sainte-Monique. Seb est hilare. Il ne manque pas de m’instruire d’une aventure similaire dont a été victime l’Homme du Panama (voir plus avant) à Moscou. Comme quoi, les voyages sont plein de surprises, et le froid ne favorise pas toujours les rencontres de bon aloi... Nous finissons notre pichet de bière, ainsi que la Budweiser offerte par la maison, en ingurgitant un succulent burger (sans charre, avec un énorme steak haché et tout le toutim). Rideau.Vendredi, après avoir bu rapidement une bière en toute légitimité, Seb me réserve une petite balade en amoureux. Le coquin. Une virée à la plage, et une balade sur les canaux de Venice, drapés dans un crépuscule lunaire. Avec une impressionante colonie de canards. Rien de plus normal, ça fait cossu, les canards. Bon, c’est beau, mais ça caille dur, on a soif et, ne nous le cachons pas, nous souffrons d’une sévère envie de pisser. Embarquement pour The Otheroom, toujours à Venice mais sur Abbot Kinney. Seb ne se perd pas dans le quartier (non, non...), et rallie Abbot par la Pacific Avenue. Le gros videur à capuche déchiffre avec perplexité mon passeport de son regard bovin, et m’autorise à entrer. La serveuse, avenante et un tantinet francophone (elle baragouine deux phrases mais l’effort est chaleureux), nous sert un verre de vin espagnol. Pas mauvais, mais le lieu est à déconseiller aux Rmistes... Nous découvrons une nouvelle bière, la Dirty Bastard si je ne me trompe, que l’on ne goûte même pas. Un bref moment de révolte, sans doute. La faim nous tenaille. Mon guide à catogan propose de se restaurer d’un burger, d’une frite et d’un coca. Merveilleuse idée, dont l’originalité en cette contrée raffinée me séduit dans l’instant. Inconcevable de mettre un pied hors de la voiture, donc nous empruntons le drive de « In and Out ». Deux double burger, que nous allons déguster chez Fred, pas encore chauve mais ça va venir. Un garçon qu’il paraît bien difficile de ne pas apprécier. Malheureusement, le burger et le froid aidant, je m’assoupi comme un vieux sur le canapé maculé de tâches diverses et variées, dont il est préférable de ne pas connaître l’origine. Bref, je pionce et laisse ces messieurs à leur sujet de conversation. Pour quitter Palms, nous rattrapons Jefferson par Duquesne. L’endroit où, si vous n’êtes pas au courant, se situe un doggy park qui-est-génial-pour-draguer-si-tu-as-un-chien et donc Seb prévoit de s’y rendre avec ce demeuré de Jackson. Et, à ne pas oublier pour les futurs touristes, il ne faut surtout pas griller le feu car il y a là une boîte radar qui te photographie si tu entreprends d’enfreindre la loi... Four au taquet, sommeil de bucheron aviné.Samedi. Grasse matinée. Quelques recherches et autres visionnages sur youtube, et nous investissons la Ken-mobile afin de nous rendre au légendaire Forum d’Inglewood. Le palais du showtime dans lequel étincelaient Magic, Jabbar, Worthy et les autres. La nostalgie passée, nous nous dirigeons vers le Staples center, nouvel antre des Lakers et des Clippers. Ce soir, les Clipps accueillent Cleveland. Rien de bien folichon, à première vue. Pourtant, le stade est plein. Pour la simple et bonne raison que le nouveau petit génie du basket US, Lebron James, évolue aux Cavaliers. Bon, le match est une catastrophe, mais peu importe. L’essentiel est de se plonger dans l’ambiance d’une salle NBA. Un spectacle impressionnant de maîtrise et d’attractivité. Si l’on excepte le grand blond qui s’est vomi sur le paletot dans le couloir qui conduit à ma place. Ils sont forts ces ricains... Et il y a même un espace pour les fumeurs ! I am dreaming... Mes deux voisins ont parlé pendant tout un quart-temps des armes de poing qu’ils venaient d’acheter et d’essayer dans les bois, sans qu’aucun des spectateurs alentours ne soulève la moindre objection. Ah, le rêve américain...





Coup de froid dans le Nevada

Aujourd’hui, c’est dimanche. Hier, malgré les protestations de Seb, nous n’avons pas pu louer une voiture. L’agence de location exigeait une carte de crédit. Sésame dont se munit systématiquement chaque américain qui se respecte, quel que soient ses revenus et son niveau de vie. L’essentiel étant de pouvoir s’élever au-dessus du sien. Et de celui du voisin si possible. Quoi qu’il en soit, et malgré les risques encourus, nous optons pour une escapade dans la Ken-mobile. Bref, comme à l’habitude, le réveil est tardif. Nous ne décollons qu’en début d’après-midi. Avec un arrêt forcé au Burger king, parce que j’ai les crocs. LA - Vegas en cinq heures, sans pluie ni poteau, et encore moins de bouchon. Eh, Jaime, je t’assure que c’est possible ! On l’a fait ! On roule tellement vite que l’on n’a pas le temps de voir défiler l’intégralité du train de marchandises de 12 kilomètres de long. Le trajet se déroule sans embûche. Un arrêt burger et milk shake à Baker, charmante petite bourgade où l’on imagine aisément se développer le concept familial d’élevage de tueurs en série. Faut bien s’occuper.


La nuit tombe, nous papotons tranquillement tandis que les lumières de Vegas éclairent le désert du Nevada. « Vegas, baby, Vegas. » Evidemment, Seb, sur qui je rejette l’entière responsabilité de cette grossière erreur, se trompe de sortie. L’occasion de remonter le Strip d’un bout à l’autre. « Fresh beer, dirty women », peut-on lire sur une enseigne. Un établissement du meilleur goût, à n’en pas douter. Petite déception, le mythique Stardust a fermé ses portes. Les travaux du prochain établissement ont déjà commencé... Las Vegas, ou le temple du m’as-tu-vu, de l’esbroufe et du gigantisme parfaitement démesuré. La ville du vice, appellation qui ne relève aucunement de la légende. Enfin, si on ne la compare pas à la quasi-totalité des autres villes du monde. Tiens, prenez Caracas, Rio, Bangkok... Nous abandonnons notre courageuse décapotable dans le parking de l’Excalibur, casino meringué en forme de château fort féérique.


Coup de froid jusqu’à la porte, et je m’aperçois, conditionné que je suis après quatre jours de states, que des joueurs tirent fiévreusement sur leur cigarette aux tables de jeu. A l’intérieur du bâtiment ! Je jubile, mais ma joie ne représente rien en comparaison de celle qui anime Seb. Celui-ci prend un malin plaisir à retirer la clef de notre chambre avec la clope au bec. Délice suprême. L’endroit est confortable, mais dépourvue de fer à repasser. Mes habitudes de trentenaire soigné s’en trouvent perturbées. Reposés, sabre au clair et cigarette aux lèvres, nous pénétrons la tanière du démon (antre a déjà été employé plus haut, pour les puristes qui, je l’écris sans la moindre hésitation, m’emmerdent prodigieusement). Nous glissons un dollar dans une machine, puis un deuxième. Toujours pas de serveuse à l’horizon. Nous gigotons, nous impatientons, mais elle finit par arriver. Nous commandons une margarita bien fraîche. Par cette chaleur, c’est tellement plus judicieux... Deuxième étape, car l’Excalibur n’est que peu attrayant, le Luxor. Immense pyramide dressée sur l’autel du jeu. Impressionnant. Nous y allons par les sous-sols, c’est plus prudent. En revanche, une minute en extérieur nous permet de comprendre que chaque percée dans les rues va s’apparenter à un chemin de croix. La température est descendue sous la barre fatidique du zéro. Inutile de préciser qu’une petite veste en cuir ne permet pas de défier sereinement les rafales de vent qui balayent la ville. Transis, nous pénétrons dans New-York. Ils sont cintrés ces ricains... Au bout d’un quart d’heure, je parviens à décoller mes paupières. Dix minutes plus tard, le sang circule à nouveau dans mes membres. Un café, dans Little Italy, je suppose... Une bande de jeunes américaines perpétuent dans une hystérie spasmophilique une tradition des plus US. En l’occurrence la perte de raison momentanée, ou comment passer, en l’espace de quelques verres, d’une figure d’étudiante quasi-frigide et un soupçon réactionnaire à celle d’une jeune femme profondément délurée dont le principal objectif semble être de se retrouver dans une chambre avec trois camarades de type masculin, éméchés ou non, afin de reconstituer les scènes de film porno les plus extravagantes. Toujours avec cette voix stridente particulièrement horripilante. A New-York, nous prenons la décision de ne pas jouer. Nous préférons mettre à profit la cordiale invitation qu’un sous-fifre boutonneux du casino nous a négligemment tendue lors de notre arrivée. Nous pénétrons dans le bar. Quatre blondasses à la poitrine affriolante (fort bien mises en avant, il faut le reconnaître), couvertes d’un chapeau de cow-boy, se tortillent de façon suggestive sur le bar en excitant les garçons. Visiblement, le procédé fonctionne à merveille avec les mâles environnants. Seb et moi échangeons deux phrases, admettant tout de même que la grande brune cachée derrière nous présente d’indéniables charmes, et on se barre. En vue, à travers les rafales de vent glacial, le désormais célèbre Bellagio. Merci Steven. Tout en marchant à un rythme effréné vers les rayons de lumière, je n’ai aucun mal à imaginer que je puisse être doublé sur le parcours par des Huskies tirant un traîneau à roulettes. Deux touristes asiatiques se prennent en photo devant l’hôtel. Nous tentons de nous immiscer sur le cliché. Trop tard. Nous entrons. C’est immense, extraordinaire, d’un mauvais goût rarement égalé. Mais bon, c’est le Bellagio quand même. De toute façon, pour le moment, je ne distingue strictement rien. Le choc thermique parasite l’intégralité de mes facultés sensitives. Une petite Margarita devrait nous remettre d’aplomb. Nous prenons siège, mais contre la machine nous ne parvenons qu’à repousser timidement l’échéance, inéluctable, de la perte de notre mise initiale. En revanche, derrière nous, un jeune freluquet fait sauter la banque. Pendant vingt bonnes minutes, les compteurs s’affolent sans discontinuer. On s’en fout, on boit un coup et on recrache notre fumée dans sa direction.


A ma gauche, une femme sans âge martèle les boutons de deux machines, fume et sirote un whisky. Il fait chaud, les moquettes rouges sont mœlleuses, mais la mélancolie nous guette et nous rappelle vers notre mère patrie. Direction le Paris, avec ses répliques de la Tour Eiffel, de l’Opéra et de la gare d’Orsay, sans oublier le gigantesque immeuble haussmannien en guise d’hôtel. Impressionnant, délirant. De grands malades, ces ricains... A l’intérieur, après avoir une fois de plus bravé le froid polaire du Nevada, je m’émerveille en admirant le décor. Un ciel factice comme plafond, illuminé artificiellement, qui donne l’impression d’être en plein jour. Les pavés verdâtres, les boutiques, les cafés, les « toilettes », tout y est. Bon, les serveuses sont sapées comme des putes des Maréchaux, mais à part ça...


Nous sommes étourdis, engourdis, et donc nous prenons le parti de nous offrir une bonne nuit sommeil. En même temps, la nuit est déjà bien avancée. Nous nous assoupissons, sans même joindre l’une des charmantes hôtesses dont la photo orne le catalogue de filles de joie distribué à la volée sur le strip. Je ronfle, paraît-il, comme un gendarme alcoolique. J’ai rien remarqué.

Chroniques de LA II

Laisse les gondoles à Venise

Nous nous levons juste à temps pour libérer la chambre. Un dernier coup d’œil sur la vue (treizième étage), et on se rue dans les cuisines pour profiter du buffet. Petit-déjeuner complet, en évitant la plupart des mets gras qui attirent nos voisins. Mis à part les produits frais, ce n’est guère fameux. Enfin, la formule buffet autorise le service à volonté pour les gourmands, ce qui n’est pas pour déplaire à Seb. Un café au Starbuck. « Bonne journée », lâche la serveuse. Merde, repérés. Nous buvons notre breuvage dans le carré réservé aux parieurs, en regardant la fin du match Wizards-Jazz. Gilbert Arenas mime Jordan en rentrant un tir impossible au buzzer. Nous filons, au soleil s’il vous plait, en direction du Cæsar’s Palace. Hagler vs Hearns, Léonard vs Duran, De la Hoya vs Trinidad... Voilà ce que j’appelle un casino mythique. Toni Braxton s’affiche en nuisette et talons aiguille sur toute la façade du Flamingo. Affriolant, certes, mais pas franchement élégant. La cascade du Mirage est quasiment gelée. Idem pour l’étendue d’eau qui fait face au Bellagio. Pour les jets d’eau, je repasserai. Le Venetian. Dois-je préciser qu’ils sont complètements barjots ces ricains ? Comme au Paris, un ciel fictif. Comme au Paris, une ville reconstituée à l’identique. Troublant. Mais, plus fort encore, un canal traverse le casino ! Canal sur lequel voguent gondoles et gondoliers, ces derniers entonnant quelques chants italiens tandis qu’ils promènent leurs passagers. De la démence à l’état pur... Je n’évoque qu’en filigrane l’opéra joué sur la place principale devant un parterre de touristes hallucinés. Je suis à la fois déçu et surpris que Pavarotti ne soit pas présent en personne. Une fissure dans le système, ou un budget défaillant. Ça sent la fermeture. D’ailleurs, on s’éclipse. Retour à L.A. Les kilomètres, pardon les miles, et les heures défilent sans que nous ne leur prêtions le moindre intérêt, plongés que nous sommes dans nos conversations virevoltantes, le tout en remplissant avec minutie le cendrier. La nuit a chuté. Nous effectuons un arrêt café/gâteau à Barstow. Encore une cité des plus accueillantes au sein de laquelle je ne serais pas stupéfait de découvrir un vivier de violeurs et autres étrangleurs. Nous reprenons la route. Le bercail, at last. Ah, la douceur californienne...


« L’Amore » on Rodeo crash

Mardi. Seb me réveille en m’indiquant qu’il vient de finir le pack de lait et que, par conséquent, je peux me brosser pour petit-déjeuner devant un bol de céréales. Je décide de dormir une ou deux heures de plus. Malheureusement, deux ouvriers mexicains - des nabots avec des marteaux - travaillent à la remise en état de l’isolation de la toiture du garage. Finie la grasse matinée. Je me prépare et file pour le Starbuck. Café, clope, petite promenade dans le quartier. Fin d’après-midi, Seb is back. Une bière lénifiante autour de Youtube. Nous avons beaucoup de points à éclaircir à la suite de nos discussions, et des images à retrouver. Un seul élément n’aura pas été vérifié : la population de Vegas. Elle frise les 600 000 personnes. Le soir venu, nous donnons notre préférence à un bon plat de pâtes. Mais pas n’importe lesquelles. Celles du C&O, à Marina del Rey. Endroit pour le moins accueillant. Une voisine de table : « Are you italian ? » Seb lui explique, à grand renfort de gestes amples, qu’un Italien parle obligatoirement en agitant les mains. Nous parlons fort, mais nous sommes Français. Pour preuve, nos mains sont rivées à nos verres de Chianti. Un plat de pâtes gargantuesque et une chanson plus tard (la tradition veut qu’à 21 heures, les serveurs passent de table en table en chantant « L’Amore » interprétée par Dean Martin. Faut voir le cirque), nous nous exilons du coté de Palms. Fred a acheté un gâteau pour l’anniversaire de Reda, et veut lui en faire la surprise. On l’embarque. La compagne de celui que ses amis nomment le grand Strateger (pardonnez l’orthographe, mais contrairement aux personnes qui l’ont affublé de ce petit nom, je n’ai conservé aucune nostalgie pour Goldorak...) est momentanément absente. De toute façon, la demoiselle est allergique à la farine... Une bière, et je m’endors sur le canapé. Rien d’inhabituel, en somme. Il est près de minuit, nous repartons en compagnie du grand Fred. Notre passager déposé, nous empruntons Jefferson, par Duquesne. Le lieu précis où, pour les amis de la race canine et les amateurs des délices proposés par le sexe opposé, se situe un doggy park qui-est-génial-pour-draguer-si-tu-as-un-chien et dans lequel Seb entend sérieusement se rendre avec cet arriéré de Jackson. Par ailleurs, les automobilistes étourdis feraient bien de s’en souvenir, il ne faut surtout pas griller le feu car il y a là une boîte radar qui te photographie si tu entreprends d’enfreindre la loi... Parfaitement léthargique, je m’enfonce progressivement dans un demi-sommeil. Nous nous arrêtons au feu qui se trouve à l’angle de Hauser et Rodeo Road. Soudain, quand Seb appuie furieusement sur la pédale d’accélérateur, le moteur émet une sorte de hurlement sourd. Fort heureusement, la voiture a pris un peu d’élan, ce qui nous permet de la ranger de l’autre coté du croisement. Le verdict est toutefois sans appel : la caisse a rendu l’âme. Il est minuit dix, Seb cherche le numéro de son entreprise de dépannage, et je ne peux réprimer un fou rire. Le thermomètre est proche du zéro, nous n’avons plus de chauffage, l’abonnement de Seb n’est plus valable, et lorsqu’il le renouvelle par téléphone le type nous dit qu’il va falloir attendre une demi-heure. L’étrange cabriolet pourpre, déjà amputé de son aile avant gauche, gît désormais, inerte, tel un grotesque amas de tôle, sur le bord de l’avenue. Mon excès d’hilarité m’a épuisé. Je m’endors. Vingt minutes plus tard, un gros gars me réveille en agitant d’énormes chaînes au dessus de sa tête. C’est le dépanneur. J’ai failli paniquer. Il charge l’épave rose bonbon, et nous dépose à la 3rd avenue. Sans doute par crainte qu’un pote l’aperçoive avec le cabriolet de Seb sur son camion, il décharge le bolide de Ken devant la maison de Kim (Rigolo, ça...). Dans un vacarme assourdissant, ce qui permet de ne pas exclure le voisinage de nos petites difficultés de transport... Je ris encore en composant le code du cadenas. C’est nerveux. Seb est heureux, il va pouvoir aller au bahut à vélo. Faut bien se consoler. J’allume le four, et je m’endors tel Jérémy Brett incarnant Sherlock Holmes : habillé, sur le dos, raide comme un piquet et lumière allumée. Seb me réveille en sursaut à 1h30. Il paraît que je ronfle comme un routier imbibé. Rien entendu.

French, white, and lost

Mon exigence, pour les quelques jours qu’il me reste à passer dans la cité des anges, en sachant que flâner sur des lieux hautement touristiques semble compromis en l’absence de véhicule en état de marche, est de me plonger plus avant dans des activités typiquement américaines. Mercredi et jeudi s’enchaînent avec douceur. Comme à son habitude, Seb dispense ses préceptes mathématiques et éducatifs à ses ouailles désœuvrées. J’entreprends une balade récréative dans le quartier, une température printanière ayant fait, de manière inattendue, son apparition. A mon retour, Seb est déjà attablé devant une bière et le premier épisode de la saison 5 de 24. Je décapsule une mousse, et nous enchaînons sur nos recherches. Stephen Colbert qui avoine Bush en direct lors d’une cérémonie de vœux (brillant, subtil, incisif, dévastateur), Pete Sampras secoué de sanglots pendant la quasi-totalité de son cinquième set face à Courier à l’Open d’Australie 95, le discours de Badinter devant l’assemblée nationale en 81, Michael Richards qui devient fou, Larry legend, Diego, etc. J’en oublie, bien évidemment. L’une de mes dernières sorties m’a donné l’occasion de découvrir en long et en large les avenues de South Central. Inutile de me perdre en explications confuses. A pied, je me suis lamentablement égaré dans le dédale de voies qui traversent le quartier. Parti à 14 heures, je ne suis parvenu à regagner la 3rd avenue qu’en début de soirée. Avec l’aide de deux jeunes pince-sans-rire - « You’re white, french, and lost here ?!! Good luck ! » - qui m’ont indiqué le chemin vers King’s. Puis, dans un second temps, en interrogeant un flic de quartier. Paisiblement installé devant une bière et un épisode de House, Seb attendait mon retour.


Sur les hauteurs de Whithley Heights

Vendredi, mon hôte ibérique s’octroie un après-midi de repos. Nous en profitons pour nous rendre Downtown. La température est clémente, et nous décidons d’emprunter le bus. De toute façon, nous n’avons guère le choix. Attente relativement courte sur King’s, et nous insérons notre dollar and quarter dans la machine. Sans y prêter attention, nous investissons deux places réservées aux individus physiquement diminués. A priori, à LA, toutes les personnes qui prennent le bus s’avèrent plus ou moins diminuées, donc... A mes côtés, un vieux qui présente toutes les caractéristiques du vétéran délaissé. Encore un... Nous descendons plein centre-ville (aucun souvenir du nom de la rue). La pénombre s’annonce, mais l’activité est toujours aussi intense. Les gens marchent dans tous les sens. Pas simple de prendre une photo correcte avec le mini-appareil du Seb. La prochaine fois, j’embarque le mien. Je désire effectuer quelques achats, mais j’abandonne rapidement cette idée saugrenue en apercevant le bâtiment du LA Times. Un bien bel édifice. Qui tranche singulièrement avec les hangars de zones industrielles dans lesquels j’officie depuis sept ans... Je mitraille le bâtiment tel un touriste japonais cocaïnomane, tandis que Seb achète le journal du jour. En Une, la tempête qui ravage les côtes européennes. Et pour illustrer le sujet, une photo d’une cité balnéaire française (Seb, le nom s’il te plait ?). Amusant. Direction l’Hôtel de ville. A peine mois imposant que la tour Montparnasse... Downtown LA, j’ai un peu le vertige. A tous les coups, à New-York, je ne pourrais réprimer une nausée. Difficile de ne pas être étourdi par ces immense bâtisses. Nous parcourons sereinement les rues. Moi, littéralement tête en l’air. Seb, le nez dans le journal. Un arrêt terrasse au Starbuck s’impose. Café, clope, peinards. Un jeune effronté s’avance vers nous et, en français dans le texte, nous demande une clope. « Il y a bien que des français pour fumer ici », se marre-t-il. On hésite à lui en coller une. On préfère ignorer la remarque et déguster notre café dans son gobelet en carton (voilà bien un truc parfaitement dégueulasse). Nous reprenons notre marche, cette fois pour regagner South Central. On passe à proximité d’un tournage, dont on se désintéresse, estimant qu’il s’agit certainement d’une pub compte tenu du peu de matériel présent. Finalement, on arrive à l’arrêt du 40. Et on poirotte. A l’angle du bloc, le LA Examiner. Pas vraiment prospère, à en croire l’enseigne et l’emplacement. Les bus défilent, mais pas le nôtre. Il ne fait pas froid. On fume, appuyé à l’une de ses grosses boîtes à lettres que vous avez pu apercevoir dans n’importe quelle série américaine. Notre transport, enfin. Nous roulons quand, soudain, Seb se lève et hurle à la mort. Notre arrêt. Bon, il s’est un tantinet précipité... Résultat, nous marchons. Un mal pour un bien, puisque nous pouvons ainsi nous arrêter dans un Ralph’s pour quelques emplettes, et rentrer l’esprit tranquille, les cabas remplis de bières. SAVED ! Ce soir, Fred - l’homme à la coupe aérodynamique, aux baskets qu’on-est-dedans-comme-dans-des-pantoufles et aux gants d’assassin de petite vieille - nous propose de se muer en chauffeur de luxe. Il y a même une télévision 16/9e à l’arrière de son carrosse. L’homme aime à exhiber son fond romantique, donc il nous conduit au Yamashiro, restaurant asiatique qui se veut huppé, sur les Whithley Heights à Hollywood. La nourriture n’a rien d’exceptionnel. En revanche, je conseille à chaque nouvel arrivant de se poster devant la balustrade qui surplombe le petit jardin japonais à la nuit tombée. Un spectacle éblouissant. Toute la ville ou presque en point de vue, illuminée, et dans le ciel des dizaines de lucioles, qui sont en réalité les avions qui se présentent à l’atterrissage, ou viennent de décoller. Impressionnant.


Marty&Elayne

Le Yamashiro, c’est beau, mais on a soif. Le voiturier nous ramène la berline de Fred et, après nous être perdus dans Whithley Heights (sans que Seb n’y soit pour rien, ou presque), nous optons pour une fin de soirée au Dresden, sur Vermont, à Los Feliz. The Dresden rooms, ou comment atteindre un degrés élevé de ringardise à l’américaine. Mais voilà un lieu des plus pittoresques ! Avec ses deux vedettes, Marty et Elayne, vétérans d’un jazz sans âge mêlant croonardise et multifonctionnalité. Ils sont salement défraîchis, mais attirent les foules. Va comprendre. Mieux qu’un karaoké, puisque des membres de l’assemblée leur glissent un petit mot, s’emparent du micro et interprètent le morceau de leur choix. Seb hésite, mais se ravise. Sans ses deux cent trente partenaires des chœurs de Paris, c’est moins évident de pousser la chansonnette. Et puis « Pas de boogie-woogie », à LA, connaissent pas. Retour à South Central. Bière, Youtube, dodo.

The last, but not the least

Ma dernière journée dans la cité des anges. Levé au coin du four. Seb s’éclipse pour solliciter les services d’un garagiste avoisinant. Ce dernier, des dollars plein les yeux, récupère le cabriolet empourpré. Je réclame ma part de rêve américain. Seb opine du chef, et me conduit chez Phillips, à deux pas. Nous prenons commande de deux portions de travers de porc avec sa purée de pomme de terre. Le soleil brille, la viande est onctueuse et grasse à souhait, la bière fraîche, du bonheur. Rendez-vous est pris avec Fred - l’homme à la tonsure zidanesque et aux jeans 80 ’s - qui doit nous rejoindre au Market Place (???), sorte de grand centre commercial qui se veut une reflet du bon goût à l’européenne. Belle tentative. Nous prenons le bus. Tandis que nous approchons, à pied cette fois, du but, Fred nous récupère sur le trottoir. A l’arrière, plus de télé, mais un costard. Non sans mal, nous nous dégotons un place de parking de tout premier choix. Nous flânons de boutique en boutique. Fred craque sur un petit pantalon, Seb sur une vendeuse. Moi, je ne trouve rien à mon goût. Sauf le petit café de Coffee Bean and Tea Leaf, dans une tasse nom d’un chien ! Nous errons ensuite dans Venice, à la recherche d’un quelconque débit de boisson, pendant que Seb psalmodie sans discontinuer à l’arrière de la voiture, nous répétant inlassablement qu’il a croisé Denzel Washington à la gare de Kansas City. A moins que ce ne soit Forrest Whitaker à l’aéroport de Minneapolis... Finalement, après une interminable valse hésitation, nous nous précipitons chez IN & OUT pour savourer un burger purulent. Je tente alors une expérience pour le moins intrépide : boire un Doc Pepper. La première gorgée déclenche un haut le cœur. Ce truc est indescritiblement infâme. Retour à South Central, pour une séance de glande siestée dont seuls les garçons, à cette heure de la journée et sans raison apparente, ont le secret. Larvage d’école, entre canapé, frigo et ordinateur. Le tout avec une réjouissante absence d’énergie. Un petit tour sur Match.com permet à Seb de s’apercevoir que les âmes sœurs en peine sont légion dans son quartier. Revigorant. Il est 22 heures, mon avion décolle demain matin. Je réclame une dernière portion de rêve américain. Direction le Bowling.

Strike et Reine de Sabbah

Fred nous conduit au cœur de Koreatown. L’occasion pour celui qui arbore une frange à la Yul Brynner de se lamenter sur la lente agonie des salons de massages asiatiques, haut lieux de détente et de volupté. Quand tout fout le camp... Le parking est minuscule, mais on s’insère avec brio. L’endroit fleure bon l’exubérante adolescence boutonneuse et les buveurs de bière. Une piste ne devrait pas tarder à se libérer. Pour patienter, nous trottinons discrètement vers le bar. Après une bière et une vive discussion sur un terme à la mode qui est censé qualifié une frange misérable de la population française, « Sébastian » résonne dans tout le Bowling. Nous nous précipitons, bière en main, afin d’enfiler nos chaussons de glissade plus ou moins contrôlées. La partie s’engage. Seb maîtrise, Fred s’échine. Je m’énerve. A notre droite, un groupe de gros enquillent les bières et les strike en souriant. Agaçant. Je change de boule. Fred domine, Seb s’effondre. Je m’énerve. Et de percevoir l’intérêt de se trouver dans une contrée non-francophone, situation permettant de hurler les pires horreurs sans que personne n’en saisisse la signification profonde. Je vous épargne le détail, mais dix ans de tennis m’ont notamment permis de me concocter une batterie d’insultes des plus raffinées. Fred fantasme sur la jeune coréenne, somme toute mignonne, qui caresse la grosse boule deux pistes plus loin. Seb entame une conversation avec nos voisins. Je me calme progressivement. Retour au bar, où une discussion s’engage avec un type à bérêt qui se révèle nettement plus cultivé que son allure, sa position (au comptoir depuis trois bonnes heures) et son goût immodéré pour le houblon hollandais ne le laissent supposer. Les échanges dérivent, et une joviale digression nous mène de Fela Kuti à la Reine de Sabbah. Les bières sont vides, il est temps de regagner la 3rd avenue.A l’aube d’un nouveau départ. Nous ne nous couchons qu’après un thé et un concours dont je préfère taire la teneur, pour ne pas briser le mythe d’élégance qui entoure nos prestigieuses personnes. Fred, l’homme aux caleçons bout-filtre et aux chaussettes de sport à bandes, dort sur place. Il souhaite endosser le costume de chauffeur pour le LAX. Merci bien. Je boucle ma valise. Réveil sans joie, et un tantinet délicat pour le Seb. Sans même ôter son pyjama, monsieur se glisse péniblement dans la voiture. Je débarque précipitamment, tandis que mes deux compagnons se cherchent une place digne de ce nom.

Enregistrement, et dernière discussion

Un petit bisou en bout de file, et je laisse Seb et Fred reprendre le court normal de leur existence angelina. Je profite des longues minutes qui s’égrènent avec une lenteur qui fascinerait une agriculteur du Nebraska pour acheter le LA Times, le NY Times et des clopes. La première demi-finale de NFL captive tous les futurs passagers. J’aime pas les Colts, je vais fumer. Nous décollons, direction Houston. Again. Je m’endors tel un bébé sous neuroleptiques. A mon réveil, les regards suspicieux de mes voisins me porte à croire que j’ai dû ronfler comme un détenu en QHS. Il ne tenait qu’à eux de me réveiller. Moi, je me sens bien reposé... Atterrissage sans encombre.

Hind Dehiba endouanée

Le Georges Bush airport. Cette fois, je dispose de suffisamment de temps pour visiter. Et surtout pour chercher la sortie, histoire d’en griller une ou deux petites. Je franchis la douane. Interdiction de fumer à moins de 15 mètres de la porte. On ne sait jamais, les effluves cancérigènes... Je repasse la douane US en deux temps, trois mouvements, et me dirige vers mon terminal. Un petit achat en Duty free. Je parcours le LA Times et attendant l’embarquement. Une jeune femme, accompagnée de deux hommes, est assises non loin de moi. Elle me rappelle vaguement quelqu’un. Une chanteuse, peut-être ? Peu importe. Nous prenons place dans l’appareil, qui est à moitié vide. La possibilité d’occuper une rangée entière me ravie. Je regarde The Queen, Miami Vice, Prête-moi ta main, et je m’endors. Deux heures... Paris. Aux portes de l’avion, la douane contrôle les passeports (étrange...). Avec des gueules qu’on oserait pas afficher à un enterrement, et sans prendre la peine de répondre aux bonjours des passagers. Ah, la France... Je récupère ma valoche. Deuxième cordon de douaniers. Au taquet, les artistes. Je me vois dans l’obligation de répondre aux questions d’usage, et remarque que la jeune femme de Houston, ainsi que le gars qui l’accompagne en sont déjà à l’étape suivante. J’entends par là ouverture des sacs, fouille en règle et questions un peu plus pointues sur la teneur de leur séjour. Ils ont le tain maghrébin, je me dis que les douaniers sont définitivement des gros cons. J’achète la presse internationale (L’Equipe, Libé, L’Huma), m’engouffre dans un bus pour Opéra, et basta. Quelques coups de téléphone à la famille dans une cabine face aux galeries Lafayette, et je prends le métro pour Château Rouge. Un petit tour dans les rayons du Virgin local, mais il est à peine 14 heures. Je décide d’attendre le retour de l’archiviste de Bobigny dans son QG, Les trois frères. Une bière, une autre, encore une autre. Je sympathise... Je retrouve Pierre quelques heures plus tard, un poil éméché. L’idéal pour s’envoyer un bon couscous-café-calva...

A mon réveil, je vogue sur l’Internet de la rue de Suez. Et que lis-je ? Hein, que lis-je ? Hind Dehiba, recordwoman de France du 1500 mètres, a été interpellée hier matin à Roissy par la douane, alors qu’elle revenait d’un stage aux Etats-Unis avec des hormones de croissance dans son sac... Un examen plus tard, « l’athlète » s’est révélée positive à l’EPO. Bon, Hind Dehiba sous amphet’ à Houston, ça ne vaut pas une rencontre avec Bill Cosby, en escale à Baltimore. Mais c’est un bon début, non ?...

A la revoyure

Et depuis mon retour, ma foi, so far so good, so far so good...

06 février, 2007

A perfect world

Dans la série Jésus Superstar :
Pendant mon cours de français d’aujourd’hui, on apprend les jours de la semaine, les mois et comment dire la date. On enchaine alors sur les dates de naissance avec des questions-réponses entre élèves
Q : Quand est ton anniversaire ?
R : Mon anniversaire est le…

Arrivé à un certain élève, il répond sans presqu’aucun accent (ce qui me transporte de joie tant l’élève est timide et effacé) que son anniversaire est le 7 février. Clins d’œil dans la classe pour préparer la chanson pour le cours de demain et apporter deux-trois sucreries à mangeouiller.
A la fin du cours, il vient me voir et me dit, texto :
” I am a Jehovah Witness. I don’t celebrate my birthday.”

Peut-être devrais-je le kidnapper et lui acheter un costume de Casper le gentil fantôme ?

A bientôt.


03 février, 2007

La foi viendra d'elle même ou bien ne viendra pas

Tous les jours de la semaine, à bicyclette ou en auto, je prends le même chemin pour aller travailler : 0.28 miles vers le sud sur Third Avenue, 0.65 miles vers l'est sur West Vernon Avenue et puis 4.89 miles vers le sud sur South Western Avenue. Au total 5.8 miles, à savoir 9.33 kilomètres.

Les Etats-Unis sont-ils un pays religieux comme on l'imagine en Europe ? Aujourd'hui j'ai voulu vérifié. J'ai fait ce trajet dodo-boulot à bicyclette, puis j'ai compté le nombre d'églises et de centres de réunion chrétien, les ai répertoriés et photographiés. Voici le résultat. Sur les 9.33 km, il y a 79 lieux de culte chrétien (une grande majorité de Baptistes), soit 1 tout les 118 mètres. A vous de me dire si je vis dans un pays religieux ou pas ?

Pour avoir les noms des églises, cliquez sur la photo. Le nom du fichier est le nom de l'église et son adresse.
Mes pr
éférées : Love and Faith Christian Center House of Judah, The Early and Latter Rain Church ou New Hope Missionary Church of God in Christ. Trouvez-les.

Vous admirerez les architectures qui vont de l'église classique au style européen au taudis, en passant par la salle des fêtes décorée pour une kermesse. Certaines ne semblent pas être des églises ? Pour etre passé devant pendant un service, je vous l'affirme : s'en sont ! Et Dalhila !



02 février, 2007

There is a moon, over South Central, tonight



A bientôt.

01 février, 2007

Collection

Oui, oui, oui, entre la merde nº3 et la merde nº4 il s’était passé 8 mois. Depuis il y a eu aussi la nº5. Il faut alors rajouter la nº6. Aujourd’hui en rentrant du lycée, j’ai re-crevé. 3 merdes en 9 jours, ça fait beaucoup. Mais je persiste. Ma voiture est VRAIMENT pourrie. Et la bicyclette me fait du bien.

Pour la déconne : mon début de collection de clous trouvés plantés dans mon pneu arrière (la boite d'allumette est pour vous donner un idée de la taille des bestiaux. Aussi pour la frime parce que Yamashiro est un resto très chic et c'est la classe.).

A bientôt.